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Attentat de Nice : « Sommes-nous prêts à changer notre façon de vivre ? »

Marc Trevidic sur le journal de France et déjà au CERA le 24 septembre 2014

« Le principal danger que nous encourons, c’est de ne rien faire en laissant les causes de la radicalisation des jeunes s’étendre. Voici donc, un peu rapidement, la problématique : Nous sommes passés d’un terrorisme de professionnels à un terrorisme d’amateurs.« 

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Gilles Keppel (Challenge 15/07/2016) décrit un problème de logiciel de nos hommes politiques :
« D’une part, en ce qu’ils ne comprennent pas l’ennemi et son fonctionnement, pourtant transparent: « le logiciel de ce terrorisme-là n’a toujours pas été compris par le pouvoir politique, quel qu’il soit (…) On est dans une autre dimension, il ne s’agit pas de dire qu’on va faire appel à la réserve, tout le monde sait que les forces de l’armée et de la police sont épuisées ».

 

 

 

Marc TREVIDIC réagit suite à l'attentat de Nice
Marc TREVIDIC

Ancien juge antiterroriste, Marc Trévidic, le vice-président du tribunal de grande instance de Lille réagit à l’attaque de Nice.
Le principal suspect de l’attaque de Nice est à peine connu de la justice. Est-ce surprenant ?
« On peut établir une continuité entre Larossi Abala (l’assassin de deux policiers dans l’Essonne, il y a un mois) et Mohamed Lahouaiej Bouhlel, même si celui-ci n’était pas fiché S. L’état d’esprit entre les deux est le même. À Nice, quelqu’un de connu de la justice uniquement pour des faits de délinquance aura appliqué les consignes de l’EI. Il n’est pas nécessaire d’être allé en Syrie pour cela. »
Quel est le profil de ce type d’individu ?
« On est dans le pétage de plomb. Dans le jihad individuel presque imparable. Les tueries de masse ont toujours existé, comme aux États-Unis. Nous avons la même chose, mais avec un fond religieux. Heureusement, ces individus sont peu nombreux. Mais, à chaque fois, c’est douloureux. »
L’état d’urgence est prolongé de trois mois. Est-ce l’une des solutions ?
« Quel sens donner à l’état d’urgence ? La question est de savoir si nous sommes prêts à changer notre façon de vivre. Nous avons un état d’urgence avec des manifestations, des festivités… Les réunions publiques sont l’occasion de ce type d’acte. On a l’impression d’un entre-deux eaux. Des fêtes scolaires ont été annulées à cause de l’état d’urgence. À Nice, l’opportunité a tout simplement été trop belle. Un homme seul peut commettre autant de dégâts qu’au Bataclan. On a surtout le sentiment d’une impuissance totale. Nous ne sommes pas, là, dans une affaire de libertés publiques, mais de sécurité publique. »
Cela signifie-t-il qu’il faut, par exemple, renoncer à la Braderie de Lille ?
« C’est une bonne question. Si on n’y renonce pas, il faut prendre acte que ce n’est pas sécurisable. On choisit de continuer de vivre comme avant. On a surtout besoin de refondre totalement le système. »
Le retour des perquisitions administratives est également annoncé…
« Elles sont inefficientes. Il serait de mauvaise foi de dire qu’elles fonctionnent. Soit on a affaire à des terroristes chevronnés et ils prendront leurs précautions. Soit on sera face à des gens comme cet homme à Nice et on ne trouvera rien. Nous devons surtout admettre qu’il n’y a pas de solution à court terme. »

 

 

Retrouvez ici son interview à RTL
Retrouvez ici son interview à RTL ce 17 juillet :