Béa Johnson
80° rencontre du CERA du vendredi 22 septembre 2017
« Ma vie en zéro déchet »
Béa Johnson est française. Originaire d’Avignon, elle est arrivée aux États-Unis en tant que fille au pair. Elle y a rencontré son mari et n’est jamais repartie, adoptant le mode de vie américain : grosse maison, 4×4, chien, etc. Pendant sept ans, la jeune femme s’est bercée d’illusions dans le soi-disant bonheur offert par l’hyper consommation : « au bout d’un moment j’ai ressenti un grand vide, un profond malaise et une immense insatisfaction, comme si une partie de moi mourrait ».
Lavoisier disait « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », c’est exactement ce que Béa Johnson va nous expliquer ce soir !
Bonjour la Vendée !
Je suis mariée avec Scott, nous avons deux fils de 16 et 17 ans, Max et Léo, et un petit chien, la mascotte de la famille, qui s’appelle Zizou. Je vous en parle car il fait partie de notre système, pas une seule assiette n’échappe à son coup de langue avant de passer dans le lave-vaisselle !
Notre démarche a démarré en 2006. Nous habitions à ce moment-là dans une maison proche de San Francisco, mais qui se trouvait dans un cul-de-sac. Nous devions prendre tout le temps la voiture. Or nous gardions le souvenir un peu nostalgique de nos déplacements à pied ou en vélo dans les grandes villes dans lesquelles nous avions vécu, comme Amsterdam, Paris ou Londres. Nous avons donc souhaité nous rapprocher d’un centre-ville mais avant de trouver la maison idéale, nous avons loué un appartement pas très grand. Nous avons donc déménagé avec ce qui nous était strictement nécessaire et immédiatement nous avons compris que lorsqu’on a moins de matériel, on a plus de temps pour faire ce qui est important. Lorsque nous avons trouvé la maison idéale, nous avons tout sorti du garde-meuble et nous nous sommes aperçus que 80 % des biens matériels que nous y avions engrangés ne nous avaient pas du tout manqué pendant une année ! Nous nous en sommes donc désencombrés. C’est grâce à cette simplicité volontaire que nous avons trouvé du temps pour se pencher sur les problèmes de l’environnement. Nous avons lu des livres, regardé des documentaires sur ces questions. Nous étions, mon mari et moi, attristés en pensant au futur que nous étions en train de créer pour nos enfants. C’est à ce moment-là que nous avons trouvé la motivation pour changer notre manière de consommer. En termes de consommation d’énergie et d’eau. Ensuite, je me suis tournée vers les déchets. Le terme de zéro déchet n’était utilisé à cette période que pour désigner des pratiques à l’échelle municipale, puisque c’est la ville italienne de Capannori qui la première a pratiqué cette approche pour se défendre contre l’installation d’un incinérateur. C’est aussi un terme qui était utilisé dans la manufacture pour parler de pratiques industrielles. Lorsque j’ai vu ce terme, j’ai eu un déclic en me disant que c’est l’objectif que nous devrions nous fixer à la maison. Quand on se fixe zéro, on se fixe un objectif pour faire le maximum. Comme il n’y avait pas de notice pour un mode de vie zéro déchet, il a fallu que je teste un tas de choses. Un jour j’ai décidé de ne plus acheter de sauce tomate. J’ai donc appelé ma mère pour lui demander de m’apprendre à faire des conserves de tomates comme elle le faisait quand nous étions petits. Une fois par an, j’en fais assez pour avoir des réserves pour toute l’année. Il y a aussi d’autres alternatives zéro déchet qui n’ont pas fonctionné. Comme par exemple lorsque j’ai essayé de trouver une solution pour éliminer ma bouteille de shampoing. J’avais entendu parler d’une solution qui ne nécessitait pas de shampoing. Il fallait se mouiller les cheveux, les saupoudrer de bicarbonate de soude, puis rincer avec du vinaigre de cidre. Au bout de 6 mois, je peux vous dire que le résultat n’était pas formidable… Je me suis retrouvée avec les cheveux gras aux pointes desséchées. Je suis arrivée au bout de mon expérimentation lorsqu’un soir je suis allée me coucher près de mon mari qui s’est retourné en me disant qu’il en avait marre que je sente la vinaigrette ! Là je me suis dit que j’étais peut-être allée trop loin, qu’il fallait que je trouve une autre solution si je voulais préserver ma vie sexuelle.
Je me suis également interrogée sur mes cosmétiques. Je suis allée dans un magasin bio et j’ai demandé à la vendeuse de me trouver une alternative pour tous les produits que j’avais emportés avec moi dans une trousse. Elle m’a répondu qu’elle n’avait pas de solution pour remplacer mon repulpeur. Pour ceux qui ne savent pas de quoi il s’agit, c’est un gloss qui contient un ingrédient qui vous pique un peu les lèvres avant de vous les dilater. En réalité, ce produit est une arnaque. J’ai vérifié l’état de mes lèvres avant et après. Aucune augmentation de leur volume n’apparaît. Mais à cette époque, comme j’avais l’habitude de l’utiliser, j’étais déterminée à trouver une alternative. Je me suis rabattue sur Google en cherchant par mots clés « façon naturelle de se repulper les lèvres ». Et là, j’ai trouvé une vidéo YouTube qui mettait en scène une femme magnifique, qui ressemblait un peu à Angelina Jolie. Il y était préconisé d’utiliser des orties. Il suffisait d’enlever les feuilles et d’enrouler la tige sur vos lèvres. Le résultat était bluffant ! Je regrettais de ne pas avoir eu cette excellente idée la première. Je suis partie à la cueillette. Une fois rentrée chez moi, j’ai suivi les étapes… Non seulement j’ai eu très mal, mais c’était prévisible, mais je n’ai pas du tout eu les résultats auxquels je m’attendais. J’ai eu les lèvres explosées avec des petites boules rouges et dures, pas très attractives. Depuis ce jour, je me suis dit qu’il était préférable de me satisfaire des lèvres que j’avais et de laisser tomber tous ces produits.
Je me suis également posé des questions sur notre consommation de papier toilette. A ce moment-là je prenais des cours de botanique. Un jour où nous étions parties avec ma prof dans les bois cueillir des plantes, elle nous a dit que la mousse était un excellent produit de remplacement de papier toilette. Ce qui m’a beaucoup inspirée. J’en ai donc rempli un seau que j’ai rapporté à la maison. Mais le problème de la mousse, c’est que ça sèche. Le lendemain je me suis retrouvée avec l’équivalent d’un seau de tampons à récurer la vaisselle. J’ai donc abandonné l’idée et nous avons continué à consommer du papier toilette, que j’achète dans un magasin qui fournit des hôtels en grande quantité. L’emballage est lui-même en papier.
Je ne recommande pas non plus les peaux de saucisses comme préservatifs, ce n’est pas étanche !
Après avoir testé tous ces extrêmes, on a trouvé notre équilibre, et on s’est rendu compte que pour que ce zéro déchet soit possible, il fallait suivre une méthodologie de 5 règles qui sont REFUSER, RÉDUIRE, RÉUTILISER, RECYCLER, COMPOSTER. Ce qui nous permet d’obtenir en fin d’année un seul bocal de déchets pour notre famille de 4 personnes !
La première règle est donc de refuser le superflu, refuser ce dont nous n’avons pas besoin. Tout simplement apprendre à dire non. Apprendre à dire non aux produits à usage unique, aux produits promotionnels gratuits, aux courriers publicitaires, aux repas dans l’avion, aux cartes de visite. Il faut bien comprendre qu’accepter un produit, c’est accompagner tacitement l’acte d’en fabriquer davantage. Accepter, c’est consommer. A chaque fois qu’on accepte ces produits, c’est une manière de dire qu’on les apprécie et qu’on les soutient. A chaque fois qu’on les rapporte chez nous, ces produits nous encombrent et font partie de nos déchets. Dans le cas des cartes de visite, on s’est rendu compte que dans 90 % des cas, on a déjà été en contact avec la personne. Si un plombier vient à la maison pour faire une réparation, la première chose qu’il fait en entrant, c’est de me tendre sa carte de visite. Je n’ai aucune raison de l’accepter. Puisqu’il est devant moi, c’est que j’ai su le trouver !
Le second point auquel nous devons être attentif, c’est de réduire le nécessaire. Bien sûr, nous avons besoin d’un toit sur notre tête, de quelques meubles et vêtements, mais on a besoin de si peu pour être confortable. Une fois que nous avons atteint ce niveau de confort, tout le reste est de l’excès.
Voici une photo de notre cuisine :
Vous voyez, qu’il n’y a pas grand-chose sur la paillasse, et je vous assure que c’est bien pratique pour la nettoyer. Avant, à côté de ma gazinière, j’avais un bocal rempli d’accessoires. Toutes sortes de cuillères en bois. Jusqu’à ce que je me rende compte que je touille toujours avec une seule main. A quoi ça sert d’avoir une dizaine de cuillères en bois ? Une seule suffit ! Aujourd’hui, chaque ustensile que nous utilisons a une fonction bien précise. Sous mon évier, il y avait autrefois une multitude de produits ménagers, parce que j’écoutais ce que les distributeurs nous disent. Notamment que nous avons besoin de produits différents pour chaque application. Un produit pour nettoyer les vitres, le sol, les toilettes, l’inox, les joints, etc. On se retrouve avec des placards de produits ménagers toxiques pour notre santé et complètement inutiles. On a en réalité besoin de vinaigre blanc et d’eau pour nettoyer toute la maison. On a aussi besoin de savon naturel liquide, style savon de Marseille, qui se vend en vrac, dont on se sert en pompe à l’évier pour se laver les mains et même pour laver le chien !
Voici notre laverie :
Et maintenant notre chambre à coucher :
Vous voyez que nous n’y avons pas grand-chose, juste le nécessaire.
Concernant nos vêtements, je voudrais d’abord vous dire que les gens n’utilisent que 20 % de leurs habits. Les autres, on les garde au cas où… Ma famille et moi avons évalué quels étaient nos 20 % utiles pour se désencombrer des 80 % superflus. Vous les connaissez parce que ce sont les vêtements qui sont les plus confortables, ceux que vous n’arrêtez pas de nettoyer et qui sont au-dessus de la pile. Dans mon cas, j’ai 2 robes, 2 jupes, 2 pantalons, 7 hauts. J’ai choisi des vêtements multifonctionnels. Avoir moins ne signifie pas qu’on a moins d’options. Je peux créer 50 combinaisons différentes avec les vêtements que j’ai choisi de conserver.
Voici la chambre de notre fils Léo :
Il s’agit de son bureau et de sa garde-robe. Cet ado est aussi minimaliste que le reste de la famille. Il a 7 tee-shirt dont 2 à manches longues, 1 chemisette, 3 pantalons, 2 shorts, une paire de chaussures de sport et une paire de tongues. Chacune de nos garde-robes rentre dans un bagage à main. Aujourd’hui, je ne me pose plus jamais la question de savoir ce que je dois emporter lorsque je pars faire une tournée de conférences puisque je peux facilement tout prendre. De même c’est très simple de partir en vacances tous les quatre. En quelques instants nos bagages sont prêts, une entreprise de nettoyage vient faire le ménage et notre maison peut être facilement louée, ce qui nous paye nos vacances !
Voici notre salle de bain :
Nous avons 4 serviettes de toilette, plus 4 autres qui nous servent quand on va à la piscine ou à la plage, ou si des amis viennent nous rendre visite.
Concernant les cosmétiques que j’utilise, le seul produit que j’achète est une crème teintée avec protection solaire locale, bio, emballée dans du verre. J’ai demandé à ce fournisseur de me vendre ce produit sans pompe et sans étiquette. L’huile pour le corps et la lotion que j’achète sont vendus en vrac. Comme fard à joues, j’utilise de la poudre de cacao que j’achète également en vrac. Remplir un petit bocal qui dure 2 ans me coûte 72 centimes. Si j’achetais un fard à joues chez Séphora, ça me coûterait bien plus cher. Sur mes yeux, je mets une poudre de khôl que je fabrique moi-même à partir d’amandes brûlées. Je l’applique avec un applicateur de khôl marocain. Le mascara est la recette dont je suis la plus fière. Vous la trouverez dans mon livre ! Pour me lisser les cheveux, me faire briller les pommettes, les ongles, je fabrique un produit multifonctionnel à partir de cire et d’huile végétale. Pour se raser, mon mari et mes fils utilisent un rasoir à double lame dont ils sèchent la lame à l’issue de chaque utilisation, ce qui allonge considérablement sa durée de vie. Ils ne changent la lame qu’une fois tous les 6 mois. Pour se laver les cheveux, le visage et le corps, on utilise un pain de savon qu’on achète sans emballage. Pour fabriquer du gel pour les cheveux, je fabrique une préparation à base de peau de citron cuite dans de l’eau que je filtre après la cuisson. Comme déodorant, nous utilisons une même pierre d’alun depuis 2008. Pour se brosser les dents, on achète du bicarbonate en vrac qu’on saupoudre sur une brosse à dents. Comme fil dentaire, on a tout simplement recours à un carré de soie auquel on prélève quelques fils, qu’on jette au compost après utilisation.
Notre salon et notre salle à manger :
Et voici notre garage :
Il diffère un peu de la majorité des garages qui contiennent un tas d’affaires pour lesquelles on a du mal à prendre une décision. Il y a beaucoup de choses que nous y gardons au cas où. Parfois même des cartons qu’on n’a même pas ouverts, qui datent de notre déménagement précédent. C’est dire si leur contenu n’est pas indispensable ! Nous avons pas mal de matériel de sport. Scott, qui accumulait de nombreux matériels de sport, a pu faire don de certains à des personnes qui s’en servent beaucoup plus que lui ne s’en servait. Mieux, il peut se concentrer aujourd’hui sur ses sports préférés.
La troisième règle du mode de vie zéro déchet, c’est réutiliser. Ce qui signifie pour nous, remplacer tout ce qui est jetable par une alternative réutilisable. Nous avons remplacé par exemple les mouchoirs en papier par des mouchoirs en tissu. Nous n’utilisons plus de papier essuie-tout mais des chiffons et de la laine d’acier recyclable. Nous ne consommons plus d’emballage à usage unique pour emballer la nourriture, plus de papier d’aluminium, de sachets de congélation, de papier sulfurisé, de plastique étirable. Nous avons remplacé tous ces produits par des produits en verre pour transporter la nourriture, stocker nos restes. On les utilise même pour la nourriture du chien. Mes fils n’ayant pas de cafétéria au lycée, ils emballent leur déjeuner dans un furoshiki. Il s’agit d’un carré de tissu, un peu comme un foulard, que l’on noue autour divers objets pour pouvoir les transporter ou les emballer. Mes fils disposent ainsi d’une emballage mais aussi d’un set et d’une serviette de table !
Lorsque nous faisons nos courses, nous avons un kit de contenants réutilisables. Nous avons juste 3 sacs cabas, une ancienne taie d’oreiller comme sac à pain, des bocaux en verre pour tout ce qui est humide, le vin, l’huile d’olive, le poisson, la viande. Nous employons des filets pour les fruits et légumes, et des sacs en tissu pour tout ce qui est sec comme le sucre ou les céréales. Nous achetons le lait dans un contenant consigné. Contrairement à vous qui avez accès aux œufs en vrac, nous sommes obligés d’aller les chercher sous cette forme chez les producteurs. Lorsque nous achetons du poisson que nous transportons dans un bocal, le poissonnier pèse d’abord notre contenant bien sûr, pour déduire la tare. Nous avons choisi le magasin qui nous propose le plus de produits en vrac dans notre ville. A ce propos, j’aimerais que vous vous rendiez compte de la chance que vous avez de disposer d’un grand nombre de magasins de ce type en France, nettement plus nombreux qu’aux États-Unis. Contrairement à la plupart des Américains, nous n’avons pas un réfrigérateur de type armoire mais de type tiroirs. Cette conception nous paraît très intelligente car elle permet d’éviter le gaspillage alimentaire. Stockant nos aliments dans des contenants en verre, nous avons grâce aux tiroirs une vue aérienne de ce dont nous disposons. Si vous avez un frigo de type armoire et que vous conservez vos aliments dans du papier d’aluminium ou dans des boîtes de type Tupperware, les aliments que vous préférez avancent vers le devant de l’étagère. Ce que vous aimez moins passe à l’arrière et souvent se périme. Concernant les produits congelés, j’utilise une autre taie d’oreiller pour congeler le pain, et le reste, je le stocke dans des bocaux en verre. C’est bien sûr tout à fait possible d’utiliser ce type de récipient à partir du moment où on laisse de l’espace pour l’expansion du produit. Mais de façon générale, nous congelons très rarement nos restes car nous inventons tout de suite des manières de les réutiliser. Alors qu’est-ce que nous congelons ? Eh bien nos arêtes de poissons et nos os de viande que je réutilise pour faire du bouillon lorsque j’en ai suffisamment. Une fois bouillis de cette manière, je les dépose dans le compost municipal. Dans un autre bocal, nous mettons les morceaux de pain sec coupés en cubes pour faire des croûtons ou de la chapelure. Et enfin nous stockons nos bougies dans le congélateur parce qu’ainsi, elles se consument plus lentement que des bougies conservées à température ambiante. Auparavant, j’avais toutes sortes d’huiles et de vinaigres, jusqu’à ce que je m’aperçoive que je n’avais besoin que d’une huile d’olive, une huile végétale, un vinaigre de cidre et un vinaigre de vin rouge. Je transporte les 3 premiers dans mes contenants en verre, et je fabrique moi-même le dernier en ajoutant nos restes de vins à une mère de vinaigre. Nous achetons aussi notre vin en vrac. Nous apportons nos vieilles bouteilles de 75cl de limonade pour la cérémonie de l’embouteillage.
La troisième consigne est d’acheter d’occasion les biens dont nous avons besoin. C’est ainsi que nous achetons tous nos vêtements. Dans des magasins de fripes ou par internet, sur des sites équivalents au Bon Coin ou sur eBay. C’est sur ce dernier que nous trouvons des objets très spécifiques, comme la calculatrice scientifique un peu sophistiquée que le prof de maths d’un de mes fils a demandé à ses élèves en début d’année. Nous prenons bien garde sur eBay de sélectionner la mention « d’occasion » dans la colonne de gauche et demandons à l’expéditeur de nous l’envoyer exclusivement dans du papier ou du carton. Quand mes fils ont démarré le lycée, ils ont tous les deux voulu un sac à dos noir. J’ai donc lancé une recherche dans ce sens sur eBay, et la sélection que j’ai obtenue m’a beaucoup surprise. 25$ pour un sac à dos d’occasion, et 29$ pour le même, neuf. J’ai tout de même préféré opter pour celui d’occasion puisque je soutiens cette approche, et j’en ai pris deux. A réception, l’un était en bon état, pas l’autre. Mais j’ai appris à ce moment que JanSport proposait une garantie à vie inconditionnelle ! Ce qui signifie que si la compagnie ne peut pas réparer le sac à dos, elle le remplace. Ce qui signifie que vous n’avez plus besoin que d’un sac à dos pour le reste de votre vie ! Je peux vous dire qu’il n’y a pas beaucoup de marques qui proposent ce service. Nous avons même trouvé une marque de chaussettes garanties à vie. C’est le pied !
La quatrième règle de vie zéro déchet, c’est de recycler ce qu’on ne peut pas refuser, réduire ou réutiliser. On recycle donc moins grâce à la prévention qui se fait avant tout avec les 3 premières règles. Que trouve-t-on dans nos bacs de recyclage ? Les polycopiés scolaires, les bouteilles de vin que nos amis apportent chez nous, les bouteilles de sérum physiologique. Nous avons aussi des bacs pour les matières difficiles à recycler, que nous ne pouvons pas déposer dans le bac de ramassage municipal. On y met les chaussures de sport trouées, et lorsque le bac est plein, on le porte dans un magasin de chaussures qui participe à l’opération de Nike qui recycle toutes les chaussures en composants utilisés pour la fabrication de terrains de basket. Avec ce mode de vie, nous avons aussi beaucoup appris sur les plastiques, toxiques à la fabrication, mais aussi à l’utilisation. Si je vais à une soirée et qu’il y a un plateau de fromages, je risque de goûter l’emballage lui-même s’il a touché le bout de fromage que je mange. Il est bien clair que nous consommons des minuscules particules de plastique. Je ne sais pas si vous savez que le bisphénol A contenu dans des matières plastiques a été lié à l’observation de taille de pénis plus petits chez des nouveau-nés. Nous avons aussi appris que très peu de matières plastiques ont la chance d’être transformées. Le signe « recyclable » ne garantit malheureusement pas la transformation en quelque chose d’utile. Il y a très peu de marchés. Et lorsque les matières plastiques ont la chance d’être transformées, elles le seront en un produit qui ne pourra pas l’être. Ce dernier sera voué à la décharge ou à l’incinérateur, et la matière sera alors perdue pour toujours. C’est la raison pour laquelle on essaye d’éviter à tout prix ces matières plastiques pour favoriser le verre recyclable à l’infini, ou les métaux très bien recyclés. Le papier et le carton sont recyclables jusqu’à 8 fois. Ce qui nous amène à privilégier les classeurs en carton et non en vinyle pour les enfants, et les brosses à dents en bois puisqu’il s’agit d’une matière que l’on peut composter.
Composter, c’est la dernière règle du mode de vie zéro déchet. Nous participons au ramassage du compost municipal. Nous y mettons os, arêtes et épluchures des fruits et légumes qui ont besoin d’être épluchés. On n’épluche pas les aubergines, les courgettes, les pommes de terre, les carottes, les navets, les pommes, les poires. Ce qui nous permet de bénéficier des vitamines qu’on trouve dans la peau de ces fruits. Nous compostons aussi nos emballages de beurre puisque nous ne parvenons pas à l’acheter en vrac. Nous compostons aussi nos balayures, nos ongles, les cheveux de mon mari et de mes fils, parce qu’en ce qui me concerne, je fais constamment pousser mes cheveux et lorsqu’ils sont bien longs, je les coupe et les envoie à une organisation qui fabrique des perruques pour les personnes atteintes de cancer.
Nous nous sommes rendus compte que le mode de vie zéro déchet n’est pas seulement bon pour l’environnement, il l’est également pour notre santé. Grâce à lui, nous avons pu éliminer tous les produits toxiques de notre vie. Aujourd’hui, nous nettoyons avec du vinaigre blanc. Sur ma peau, je n’utilise que des aliments. Avant, lorsque j’achetais du mascara au magasin, j’avais deux conjonctivites par an. Depuis 2012, date à laquelle j’ai commencé à fabriquer mon propre mascara, je n’ai pas eu une seule conjonctivite. Mon mari avait des sinusites chroniques. Depuis que nous avons adopté le mode de vie zéro déchet, elles ont complètement disparu.
Lorsque nous nous sommes lancés dans cette direction, mon mari m’a mise en garde contre les magasins bio, me disant que nous n’avions pas les moyens d’y faire nos courses. Je lui ai demandé de comparer nos relevés de banque entre nos deux modes de vie, avant et après le choix du zéro déchet. Il s’est rendu compte que nous faisions 40% d’économie sur notre budget ! Une fois qu’il a vu ce chiffre, il a été complètement convaincu !
A quoi sont dues ces économies ?
Nous consommons beaucoup moins qu’avant. Nous n’ajoutons presque plus rien à notre inventaire. Avant, je rapportais des souvenirs de tous mes voyages. Quand ma belle-mère venait nous voir, on allait faire du shopping. Aujourd’hui, nous sommes heureux avec le nombre d’affaires que l’on a. Et si nous achetons quelque chose, c’est pour remplacer un bien matériel qui a besoin d’être remplacé. Et lorsqu’on achète, c’est d’occasion, et donc par définition moins cher.
Nous achetons notre nourriture en vrac. Il faut savoir que 15 % du prix des produits que nous achetons correspond à l’emballage. Il paraît que ce coût représente 70 % pour la lessive !
Nous avons aussi remplacé tout ce qui était jetable par une alternative réutilisable. Nous ne jetons donc plus notre argent par la fenêtre, au sens propre ! Les économies que nous avons réalisées grâce à cela nous ont permis d’installer des panneaux solaires et un système d’eau grise qui réutilise l’eau des douches et des machines à laver pour irriguer notre propriété.
Mais l’avantage que je pense le plus important est la simplicité. Grâce à ce mode de vie, nous avons fait de la place à ce qui est important. Notre vie est désormais basée sur les expériences et non sur les biens matériels, sur le verbe « être » et non sur le verbe « avoir ». Nous avons réalisé des choses formidables auxquelles nous n’aurions pas pu accéder financièrement, comme de la plongée sous-marine entre deux continents à la rencontre des baleines, de l’escalade sur glacier, etc. Le bonheur, Gandhi l’a dit, c’est lorsque ce que l’on pense, ce que l’on dit et ce que l’on fait, sont en harmonie. Pour moi, le mode de vie zéro déchet rime exactement avec cette idée. Je ne cherche absolument pas à dire aux gens comment vivre leur vie, mais à témoigner de mon expérience qui vous inspirera peut-être, et j’en serai heureuse. Si c’était le cas, voici 5 astuces :
Si vous ne devez retenir qu’une chose de ce qui s’est dit ce soir, c’est « Acheter, c’est voter ! » Chaque fois que vous achetez des produits emballés, vous dites que vous soutenez les emballages. Alors que lorsque vous achetez votre nourriture en vrac, vous vous positionnez en faveur d’un monde sans emballage, vous investissez en direction d’un monde plus durable pour nos enfants. Et si jamais vous êtes obligé d’acheter un produit emballé sans être satisfait de cette situation, faites connaître votre contrariété. Sinon, rien ne changera !
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Extraits du débat :
Vous avez cassé les codes, vous avez renversé la table. Socialement, comment votre choix a-t-il été compris par votre entourage, vos amis, votre famille ? Comment les gens ont-ils réagi ?
Lorsqu’on adopte un mode de vie simple, les connaissances y passent aussi. On se rend compte que certaines d’entre elles nous apportent quelque chose de positif, d’autres pas. Aujourd’hui, nous avons peu d’amis, mais avec qui nous avons des liens très forts, qui partagent les mêmes valeurs que nous.
Concernant nos enfants, ils ne se sont aperçus d’un changement dans notre mode de consommation qu’au bout de 6 mois. Au fond, c’est la personne qui s’occupe des courses dans un foyer qui fait le choix d’une consommation différente en achetant la nourriture en vrac et des biens matériels d’occasion. Les enfants ont des besoins simples. Ce sont les parents qui compliquent ces besoins. Ce qui différencie nos enfants des autres, ce n’est pas le bocal de déchets par an, c’est le verbe « être » plutôt que le verbe « avoir ». Les plus récents cadeaux que nous avons offerts à nos enfants étaient un saut en parachute, un saut à l’élastique, une certification avancée de plongée sous-marine et une leçon de pilotage acrobatique. Autant vous dire qu’ils en ont été très très heureux !
J’ai entendu dire que vous n’aviez qu’un seul soutien-gorge dans votre garde-robe minimaliste.
C’est drôle, il n’y a que les Françaises qui posent ce genre de question ! J’estime effectivement que je n’ai pas besoin de laver mon soutien-gorge tous les jours, donc je le lave une fois par semaine. Ce jour-là, je n’en porte pas et c’est très bien comme ça !
J’ai lu et apprécié votre livre. Ce mode de vie me paraît très intéressant mais combien de temps cette organisation vous a-t-elle demandé ?
Effectivement, on ne peut pas tout modifier du jour au lendemain. Il est même souhaitable de ne pas le faire parce que l’on risque alors de tout laisser tomber. Dans notre cas, nous n’avions pas d’objectif zéro déchet. Les choses se sont mises en place graduellement. Durant les deux premières années, nous nous sommes désencombrés sans objectif précis. Ensuite, nous avons mis deux ans à tester toutes sortes d’alternatives qui fonctionnaient pour nous. Toute sa vie, on a l’habitude de faire les choses d’une certaine manière. Ce n’est pas du jour au lendemain que tout peut être modifié. Rien que le fait d’apprendre à dire non peut être compliqué. On a tellement l’habitude d’accepter sans réfléchir qu’il faut véritablement apprendre à refuser ce qui ne nous convient pas. Aujourd’hui, je refuse presque systématiquement les biens matériels qui me sont très souvent proposés. Le désencombrement demande aussi à évaluer tout ce que l’on a chez soi. Tout a une fonction ou une multifonction réfléchie à la maison. Ensuite il faut remplacer beaucoup d’habitudes de consommation par des alternatives réutilisables. On peut utiliser par exemple des vieux tissus à la place de l’essuie-tout, remplacer les mouchoirs en papier par des mouchoirs en tissus que nos parents et grand-parents n’utilisent plus. C’est pour offrir toutes ces solutions que j’ai écrit mon livre. Pour que ceux qui sont tentés par l’aventure puissent gagner du temps.
Vos propos me parlent et m’inspirent beaucoup. J’ai tout de même quelques questions, avez-vous des poules et des moutons ? Et pourquoi avez-vous refusé de passer sur youtube ce soir ?
Nous habitons en centre-ville, avec un jardin très petit, et à ce titre, nous sommes soumis à des règles qui ne nous permettent pas d’avoir d’animaux. Mais un jour, nous en aurons.
J’ai refusé de passer sur youtube parce qu’on ne m’a pas demandé mon avis. Il me semble que c’est la moindre des corrections de demander à un conférencier sa permission avant de le filmer.
Concernant les livres, on dématérialise ?
Personnellement, je ne lis que des livres en papier. On m’a fait le reproche de publier mon livre sous cette forme. C’est parce que je ne souhaite pas que mon approche soit discriminatoire. Il n’est pas question que seules les personnes qui lisent sous format électronique accèdent à mes suggestions. Le mode de vie zéro déchet n’est pas exclusif mais inclusif.
Avez-vous modifié votre régime alimentaire ? Êtes-vous végan ?
Nous avons appliqué les 5 règles dont je vous ai parlé tout à l’heure. Nous avons donc essayé le véganisme pendant un certain temps durant lequel mon mari a perdu énormément de poids. Ce qui a commencé à m’inquiéter. Nous avons donc de nouveau intégré des protéines animales à notre alimentation. Si nous respectons les choix du mode de vie de la communauté végan, à l’inverse, celle-ci ne respecte pas les nôtres. J’ai même reçu des menaces par courrier, ce qui la décrédibilise. J’estime que le véganisme n’est pas fait pour tout le monde, il me semble important que chacun trouve son équilibre en étant à l’écoute des besoins de son corps.
Ma question concerne la cuisine. Comment faites-vous pour les joints des conserves qu’on ne peut pas mettre au compost ?
J’en ai parlé avec Le Parfait. Il semblerait que les joints soient en caoutchouc naturel en France, alors qu’ils sont synthétiques aux États-Unis. Vous devriez pouvoir les composter, même si leur disparition complète risque de prendre un temps certain. Pour notre part, nous réutilisons les joints. Je les trie par catégories. Ceux qui sont en mauvais état, je les utilise pour boucher les pots qui n’ont pas besoin d’être hermétiques. Lorsqu’ils sont en état moyen, je les utilise pour protéger des denrées plus fragiles et celles que je range dans le réfrigérateur. Et ceux qui sont en très bon état, je les emploie pour faire mes bocaux. Pour en juger, il suffit de les étirer pour voir si des cassures apparaissent. Et bien sûr, je vérifie après stérilisation que mes bocaux sont bien hermétiques. Mais je vous rappelle que je ne fais que des pots de sauce tomate, c’est le seul produit non saisonnier qui me manque en hiver.
Merci d’abord pour la belle énergie que vous nous communiquez. Votre démarche n’a-t-elle pas également une dimension diététique ?
Par définition, quand on adopte un mode de vie zéro déchet, on soutient les marchés bio et locaux. Nous achetons en vrac ainsi que des produits ayant subi le moins de transformations possibles. Nous apportons des bocaux pour le poisson, la viande et le fromage. Nous restons dans le périmètre du magasin, car au centre se trouvent les produits surtransformés et suremballés. De cette manière, nous avons un régime alimentaire beaucoup plus sain que celui que nous avions auparavant.
J’apporte mes bocaux chez le boucher et le poissonnier. De plus en plus de commerçants acceptent, mais certains continuent à refuser de me servir assez sèchement, pour des questions d’hygiène du contenant. Ont-ils le droit ?
C’est précisément un argument derrière lequel ils se cachent et qui leur simplifie la vie. Il existe certaines techniques d’achat. Déjà, ne les regardez pas dans les yeux lorsque vous commandez, et soyez à l’aise comme si vous aviez toujours procédé de cette manière. Dans ces conditions, vous devriez être servie comme vous le souhaitez. Très souvent, vous tombez sur des employés qui ne savent pas faire la tare du bocal et qui ont honte de vous le dire. Dans ce cas, apprenez-leur gentiment. Vous pouvez aussi faire jouer la concurrence en parlant d’un magasin proche qui accepte de vous servir dans vos bocaux. Souvent ça marche ! Plus nous serons nombreux à fonctionner de cette manière, plus nous trouverons des magasins qui accepteront.
Choisissez-vous vos restaurants en fonction de leur mode de fonctionnement ? Qui cuisine des produits en vrac par exemple.
Je ne connais qu’un restaurant zéro déchet au monde, qui se trouve à Brighton. Je m’attache donc à trouver des établissements qui servent au moins dans de vraies assiettes, avec des vrais couverts, des verres, et des serviettes en tissu. Manger au restaurant, c’est aussi voter. Si vous allez régulièrement chez Mac Do, ce mode de restauration va évidemment fleurir. Si vous allez dans des restaurants bio et locaux, vous y investissez pour l’avenir. En France, vous êtes beaucoup plus gâtés qu’aux États-Unis où les restaurateurs utilisent beaucoup plus de vaisselles en carton ou polystyrène. Par contre, ce qui est international, ce sont les serviettes en papier. Je les rends au serveur ou les dépose sur la table voisine.
Comment faites-vous en ce qui concerne toutes les fournitures scolaires qu’il faut acheter en début d’année ?
Vous avez toujours une petite marge de choix. Par exemple, nous n’achetons pas de classeurs et de chemises en vinyle mais en carton. Nous utilisons des gommes à base de produit naturel et des stylos à bille rechargeables. Autant que possible, nous nous fournissons dans des magasins de produits d’occasion. Et je donne bien sûr les produits que nous n’avons pas utilisés à des associations du style Emmaüs.
Je suis tout à fait dans votre lignée depuis 3 ans et je lutte aujourd’hui contre un grand diktat de la beauté, je veux parler des teintures pour les cheveux. Je commence à avoir des cheveux blancs et j’aimerais avoir votre point de vue sur cette question.
En été, j’utilise du citron. Avec le soleil, ça marche très bien. On peut aussi fabriquer une solution à base de brou de noix. Quelques coiffeurs utilisent maintenant des produits naturels.
J’ai une question concernant le bicarbonate de soude à la place du dentifrice. J’ai fait pas mal de recherches et je trouve des avis contraires sur ce sujet.
Certains dentistes le déconseillent en disant que c’est trop abrasif, c’est probablement pour assurer la vente des dentifrices. Mon propre dentiste me l’a recommandé. Il faut juste choisir un bicarbonate très fin, celui que j’utilise ressemble à de la levure chimique. C’est l’acte de brosser qui est important, plus que le produit dont on se sert.
Je profite de cette question pour mettre en garde contre l’idée de tout faire soi-même. Certains blogs le préconisent. Je trouve pour ma part que ça fait surtout peur aux personnes qui travaillent à plein temps ! Il ne faut surtout pas associer le zéro déchet avec le « tout fait maison ». Nous avons adopté des produits multifonctionnels à la maison. Il est inutile d’acheter des produits pour les vitres, la salle de bain, la cuisine, etc. On les remplace tous par du vinaigre blanc ou du bicarbonate. J’utilise ce dernier pour nettoyer la cuisinière, détartrer la cafetière, m’exfolier la peau, calmer mes aigreurs d’estomac additionné à de l’eau.
Je suis biologiste marin. A ce titre, je travaille dans des laboratoires. Chaque jour, on utilise une quinzaine de gants et bonbonnes en plastique dans le cadre de la recherche orientée vers la défense des océans infestés par des sacs en plastique… A la maison, nous avons la possibilité d’utiliser des produits simples et basiques, mais en laboratoire, il s’agit de produits chimiques qu’on ne peut pas remplacer. Mais avez-vous une solution pour remplacer les gants en plastique ?
Je n’utilise pas de gants moi-même et je suis embarrassée pour vous répondre car je ne connais pas suffisamment votre domaine pour imaginer des alternatives.
Pour parler de ce que je connais, lorsque nous allons chez le dentiste, nous refusons d’utiliser des compresses. En cas de vaccin, nous disons que nous n’avons pas besoin du petit pansement.
Je suis actuellement en relation avec des personnes du domaine médical qui réfléchissent ensemble à la manière dont ils pourraient appliquer la démarche zéro déchet sur leur lieu de travail. Sachant que nous sommes devenus une société germaphobe.
Vous nous avez parlé du réseau de magasins conséquent que vous avez monté. Avez-vous tenté de faire un peu de lobbying auprès de grandes chaînes comme Woolmark ?
Je ne discute qu’avec ceux qui ont un impact direct sur ma production de déchets. Je ne veux pas m’éparpiller à contacter toutes sortes de compagnies. Par contre, je suis ouverte à ceux qui viennent vers moi. Ikea par exemple m’a contactée car ils ont constaté que le mode de vie zéro déchet prenant de l’ampleur, ils voulaient avoir mon point de vue sur leurs produits. J’ai été contactée par ailleurs par une entreprise qui vend de l’eau. Je lui ai suggéré de la vendre sous forme de distributeurs, de fontaines à eau. A l’occasion d’une conférence, j’ai rencontré la semaine dernière la société Europack qui vend des emballages ! Pourquoi ne pas travailler ensemble ? Je leur ai proposé des alternatives en leur disant qu’ils avaient tout intérêt à s’adapter à ce mouvement.
Comment transposer cette démarche à l’entreprise ?
Il m’est difficile de vous répondre car tout dépend du type d’entreprise. Mais de façon générale, on peut refuser d’utiliser certains produits, se rapprocher de personnes qui ont les mêmes valeurs que vous pour constituer une force de conviction auprès de la direction afin que les choses changent. N’utilisez plus les gobelets jetables pour le café mais emportez votre propre tasse au bureau.
A quand les conférences par Skype depuis votre maison pour éviter les voyages ?
Ça m’est arrivé ! Je le fais avec beaucoup d’écoles. Est-ce que ça me dérange d’avoir pris l’avion pour venir faire cette conférence aujourd’hui ? Non, pas vraiment. Ceux qui me critiquent à cet égard ne se rendent pas compte de l’impact des conférences. La présence physique entraîne un tout autre contact avec le public bien sûr. Je ne regrette pas l’empreinte carbone associée à mes conférences. Je profite de mes tournées pour animer des conférences dans plusieurs pays. J’ai fait dernièrement une conférence en Irlande où il n’existait pas de magasins de vrac. Quelques jours après, 5 magasins apparaissaient ! Sans compter qu’à chaque fois que je me déplace, les médias me rejoignent, ce qui me permet de toucher leur audience.
Quelle est votre dernière initiative ?
L’installation du système d’eau grise à la maison, dont nous sommes très contents. Dans le futur, nous aimerions avoir une voiture électrique à grande autonomie. Et j’aimerais pouvoir l’acheter d’occasion. Aujourd’hui ce n’est pas possible parce que notre garage est trop petit pour la rentrer, nous n’aurions donc pas le moyen de recharger notre voiture. Mais nous y réfléchissons !
De longs et chaleureux applaudissements saluent la conférence de Béa Johnson avant sa clôture autour d’un pot de l’amitié, dans des verres recyclables bien sûr !
Compte-rendu réalisé par Laurence Crespel Taudière