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Cancer, guérir tous les malades ?

Compte rendu de la 70ème Rencontre du CERA du vendredi 25 septembre 2015  

Présentation du Docteur SCHWARTZ par Émile GABARD

Vous êtes né en 1958 à Strasbourg. Vous y avez mené vos études de médecine, en sortant major de votre promotion. Direction les États-Unis. Vous avez travaillé au Massachussets General Hospital tout en poursuivant vos études. Vous sortez major en oncologie de l’Université de Harvard. De retour en France, vous exercez comme médecin hospitalier à Paris jusqu’à être assez rapidement détaché à l’École Polytechnique. Vous êtes radiothérapeute et surtout chercheur. Dans votre livre intitulé « Cancer, guérir tous les malades », vous écrivez que votre patron Alain Laugier vous laissait libre d’aller explorer des terres inconnues de la cancérologie, vous lui en avez été très reconnaissant. Pour vous, l’argent n’est pas forcément le paramètre limitant. L’histoire le prouve. Ce qui vous intéresse, c’est explorer de nouvelles voies, de nouveaux concepts testables et simples. A ce titre vous créez dans les années 2000 une équipe pluridisciplinaire réunissant chercheurs, physiciens, médecins, mathématiciens, biologistes et chimistes.

Au mois de juin dernier à Chicago, lors du Congrès international d’oncologie, on a parlé de la clé anticancer, l’immunothérapie, qui permettrait d’éliminer les cellules tumorales par nos propres cellules. Vous allez sûrement nous en parler. Vous sortez des sentiers battus, en contestant par exemple le rôle unique et central du génome. Henri Atlan avait fait paraître « La fin du tout génétique » en 1999. Vous allez peut-être nous dire un mot de l’épigénétique. Vous vous référez volontiers au médecin Allemand Koch qui a découvert le bacille qui porte son nom. C’est lui qui a unifié tous les tableaux cliniques pour parler d’une seule maladie, la tuberculose. Vous dites que nous nous dispersons au sujet du cancer. On parle des cancers et non plus du cancer. Il nous faut, dites-vous, saisir ce que le cancer a de constant. Pour vous, il s’agit d’une maladie métabolique, unique et simple. En 2013, vous fondez l’association « Cancer et métabolisme ». Concernant la maladie de la division cellulaire, vous exhumez des travaux d’un double Prix Nobel, Otto Heinrich Warburg, médecin biochimiste, qui disait qu’à toujours chercher du nouveau, du spectaculaire, on en oublie de travailler avec les connaissances déjà accumulées. Proust a dit que le véritable voyage de découvertes ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux. Vous testez des traitements non toxiques, potentiellement efficaces. Vous allez pouvoir répondre à deux intervenants qui sont venus récemment nous rendre visite au CERA. Il s’agit de Laurent Alexandre, chirurgien, qui croit beaucoup au génie génétique et qui pense qu’en 2050, les enfants vivront 200 ans. Il nous dit que le cancer sera résolu en 2030. Il croit beaucoup au séquençage du génome. Nous avons aussi reçu Idriss Aberkane, un chercheur en neurosciences, qui dit que toute révolution, qu’elle soit morale, philosophique, technologique, scientifique, médicale,… passe nécessairement par 3 stades : le ridicule, le dangereux, l’évident. On peut prendre pour exemple le Docteur Semmelweis, un médecin hongrois qui a vécu au XIX° siècle. A cette époque, les femmes accouchaient de plus en plus en clinique où l’on dénombrait de plus en plus de mortalité. Ce médecin a eu le culot de dire que c’était les médecins eux-mêmes qui transmettaient le germe à l’origine du décès des parturientes. Ridicule et dangereux : mis au ban de l’université, il s’est vu interdire l’exercice de la médecine. Jusqu’à ce que le lavage des mains entre deux patientes devienne évident. Docteur Schwartz, vous parlez de rupture et de révolution pacifique depuis le champ non conventionnel dans lequel vous vous trouvez. On retrouve nos 3 étapes. Je vais terminer par vos propres mots et vos propres souhaits. Vous dites « J’appelle de mes vœux une révolution copernicienne en médecine. Associer à des médecins des mathématiciens, des physiciens et autres scientifiques est le grand but de ma vie. » Docteur, nous sommes impatients de vous écouter.

 

Dr Schwartz

Pour commencer, je voudrais vous raconter pourquoi j’ai pris ce chemin-là et vous préciser ce que j’essaye de faire. D’abord, comme tout le monde, j’ai connu des échecs. Je vais vous en raconter deux pour vous expliquer pourquoi nous essayons de passer assez rapidement dans une discussion publique plutôt que de verrouiller les choses de façon scientifique comme on en a l’habitude.

Mon premier échec était en lien avec l’histoire du mélanome. Le mélanome est une tumeur noire de la peau dont on dit qu’il est consécutif au U.V. On dit donc que ce sont surtout les gens blonds aux yeux bleus qui les développent et qu’il faut mettre des crèmes solaires pour ne pas être atteint de cette maladie. Il existe plusieurs cancers de la peau. Certains se produisent sur les mains et le visage et sont évités lorsque l’on met des crèmes. Concernant le mélanome qui tue, ce n’est pas si simple. D’abord, la mortalité augmente de 3 ou 4 % par an en France, et les zones les plus fréquemment touchées ne sont pas les plus fréquemment exposées au soleil. Quand on va voir les modèles animaux, on a un modèle où les U.V. sont clairement responsables du mélanome. Il s’agit d’un poisson qui quand on l’expose aux U.V., produit des taches noires. C’est le modèle choisi par l’industrie pour accuser le soleil d’être responsable du mélanome. Alors que les taches noires de ce poisson sont différentes des mélanomes que nous connaissons. Quand on discute avec des éleveurs ou des vétérinaires, ils vous disent que le mélanome est un fléau chez les chevaux. Il s’agit du mélanome de l’anus qui éloigne la probabilité de la cause avancée des U.V. On a fait une cartographie de l’endroit où arrivaient les U.V. et des zones où vivaient les personnes atteintes de cette maladie. Il n’existe aucune corrélation. Ce qui n’empêche pas l’industrie de prôner l’application de crème pour se protéger. J’ai essayé de convaincre les dermatologues qu’il y avait peut-être un problème, que les équations que nous avions réalisées sur les mélanomes étaient probablement correctes. Nous n’avons pas été écoutés.

Le deuxième échec que je vais vous raconter est du même genre. Comme j’ai travaillé pas mal pour l’industrie du tabac, parce qu’on avait besoin d’acheter des souris dont je vous parlerai après, je sais que la cigarette n’est pas bonne pour la santé. Une fois qu’on a dit ça, on s’interroge sur l’agent toxique de la cigarette. J’ai mené des recherches en Allemagne, où les souris mourraient, gazées par des fumées de cigarettes ou de moteurs diesel. Le goudron est-il vraiment dangereux ? Ce que nous savons, quand on regarde les épidémies de cancer du poumon, c’est que le risque est le même qu’on fume des cigarettes dites lourdes ou des cigarettes légères. On s’est dit à ce moment que les cigarettiers n’avaient pas pensé au gaz. Donc hors contrat, pour le plaisir ou pour l’intérêt de la chose, nous sommes allés regarder l’agent nocif de la cigarette et on a fini par découvrir ce que les gens vivent dans les sous-marins ou les navettes spatiales. C’est qu’un air en teneur de gaz carbonique peu élevé, c’est dangereux. Il y a relativement peu de gaz carbonique dans l’air que nous respirons ici. Par contre, il y a 500 fois plus de gaz carbonique quand vous fumez une cigarette. Pour ceux qui ont fait un peu de chimie, l’association du gaz carbonique et de l’eau donne de l’acide carbonique. Bref, quand on enlève ce gaz de la cigarette, on supprime la toxicité. La démonstration n’est pas simple car il faut ôter le gaz carbonique sans toucher aux goudrons, mais c’est faisable pour 50 000€. On le fait et on peut démontrer à l’industrie du tabac que l’empoisonnement est dû au gaz carbonique. Elle a été convaincue par notre démonstration mais n’a pas donné suite et a rompu notre coopération. J’ai vécu cette situation comme un échec car j’ai été incapable de faire bouger les choses, de prouver à la société que les goudrons étaient probablement totalement innocents dans le cancer du poumon. On a donc décidé de changer de mode de communication pour être plus efficace. « On », ce sont ceux avec qui je travaille, qui sont tous des inconnus et ont envie de le rester.
Ils s’attachent à réécrire la médecine en des termes poétiques, c’est-à-dire à chercher les équations fondamentales de la vie dans la beauté des choses. Nous sommes amusés de voir par exemple que la forme du pied rappelle celle de l’utérus de la mère. Beaucoup de choses dans notre corps relèvent de la physique qui donne des réponses extrêmement simples. C’est un vrai sujet que d’essayer de comprendre des choses élémentairement importantes et fondamentalement sans aucune importance. La beauté vaut son pesant de cacahuètes ! Ces gens sont issus des grandes écoles parisiennes, essentiellement Polytechnique. Bien que pour moi, les diplômes n’ont strictement aucune importance. On se réunit souvent dans le cadre intime de mon appartement. Pour que l’intelligence puisse naître et l’idée germer, il faut de l’amitié et un petit peu de vin. L’idée géniale ne germe pas dans le cadre carré et guindé des institutions. Les idées fusent donc, et toute la difficulté consiste à les canaliser vers des sujets qui ont un sens pour mon activité de cancérologue et de radiothérapeute.
Ci-dessous apparaissent des données que nous avons récupérées par l’École Polytechnique. Il s’agit des fichiers de mortalité des pays occidentaux depuis 1960.

Graphique en anglais "la mortalité par cancer n'a que peu évolué"
Beaucoup de données ont bougé, les pays, les définitions des maladies, etc. mais nous pouvons en comprendre pas mal de choses tout de même grâce aux ASR qui sont des outils mathématiques qui permettent de comparer le comparable. Ce qui est étonnant, c’est que ces données n’apparaissent nulle part dans la littérature. Personne n’a essayé de réaliser des tableaux de bord de ce qui se passait. Nous voyons ici ce qui s’est passé de 1960 à 2010. On constate que la population est de plus en plus âgée, que le cancer se développe plus fréquemment quand on est vieux, 2/3 se déclarent après 70 ans. On s’aperçoit qu’il n’y a pas de baisse significative de la maladie. En revanche si l’on regardait la baisse de la mortalité infantile dans les années 47/48, on s’apercevrait que la diminution est radicale. Regardons maintenant les courbes.

Graphique en anglais sur l'evolution de la mortalité selon les types de cancer

En haut, apparaît le cancer du poumon qui n’a fait qu’augmenter. En bas du tableau, on remarque la baisse du cancer de l’estomac et la stagnation du cancer du sein. Ce qui signifie que l’impact des campagnes de dépistage type mammographies tous les deux ans, l’impact des médecines modernes de plus en plus chères et de la chimiothérapie de plus en plus moderne ne saute pas aux yeux.
L’autre sujet que je veux aborder apparaît dans ce 2° tableau. Il s’agit du cancer de la prostate. Le nombre de décès a diminué de 0,5% en 50 ans mais on assiste à une augmentation du nombre de cas qui varie de 6 à 8 selon les pays occidentaux. Tout se passe comme si on avait créé une épidémie du cancer de la prostate. Des hommes dont la prostate fonctionnait peut-être encore se sont vus opérés avec des problèmes d’impuissance, d’incontinence et tous les effets associés que l’on connaît. Là encore, on ne voit pas d’impact des thérapeutiques modernes et plus chères. En 1960 on sait déjà que le cancer de la prostate peut être traité par les hormones, c’est-à-dire qu’on donnes des œstrogènes ou l’on casse chirurgicalement les gens. Depuis, on le fait de manière un peu moins violente mais on ne voit pas d’impact significatif des thérapeutiques modernes. J’ai fait paraître plus de 250 publications, celle concernant cette question n’a jamais pu passer… Le travail a été réalisé par des mathématiciens de Polytechnique ou de Dauphine, des gens honnêtes. Le papier nous revient toujours sans même avoir été lu et commenté.
Si vous allez chercher quelques leucémies particulières, vous constatez un impact direct et la mortalité chute clairement mais concernant l’ensemble du fléau que représentent les cancers, on peut dire que le succès n’est pas évident.
Une fois que vous avez ce tableau-là, que faites-vous ? Vous avez toujours la possibilité d’aider les gens, votre prochain, ou de gagner de l’argent. Le cancer est une maladie qui draine beaucoup d’argent.
Les gens sont prêts à payer cher. J’ai fait le choix de faire de la recherche plutôt que de répandre le bruit extrêmement violent pour le corps médical que ce qu’il a essayé de faire n’est couronné d’aucun succès.
J’ai décidé pour ma part de me replier vers un monde autre, un monde dans lequel on pourrait essayer de re comprendre le cancer.
Je suis allé faire une conférence devant des actuaires il y a quelques semaines. Ils parlaient bourse, ce qui m’a paru extraordinairement compliqué. Mais au fond il s’agit d’un ensemble de lois binaires qui oscillent entre l’envie et la peur du profit. Quand vous moulinez tout ça, vous obtenez des choses très compliquées. Dire que le cancer est une maladie compliquée revient à avouer son échec. C’est une façon d’avancer une excuse. Quand on me dit que quelque chose est compliqué, soit je comprends que mon interlocuteur ne veut pas me dire clairement ce qu’il en est, soit plus probablement qu’il n’a rien compris.
Concernant le cancer, on a fermé les portes. On a essayé de comprendre ce qu’il y avait d’invariant dans tous les cancers. Pour nous, l’hypothèse était que le cancer était une maladie simple, toujours la même, et qu’il existait un traitement simple. C’est une hypothèse, pas une certitude.
Qu’y a-t-il de constant dans le cancer ? L’importance du stress, de la peur, de l’environnement, etc.
Mais quand vous le prenez de façon clinique, vous vous apercevez que le cancer est une matière dure, l’adénome de la prostate par exemple, qui est la tumeur bénigne de la prostate qui empêche les hommes d’uriner la nuit, est relativement mou. La consistance dure est la première chose que vous voyez quand vous examinez manuellement un cancer. Ce qui veut probablement dire quelque chose. La seconde observation touche les formes particulières des cellules cancéreuses, qui offrent des formes fractales.
Autre chose, ça prend le sucre et c’est passif. Ces choses-là s’observent tous les jours mais ne sont jamais décrites de cette manière-là. Les livres de médecine parlent d’autre chose dont je ne vais pas vous entretenir aujourd’hui. Il me paraît plus intéressant de revenir sur ces 4 paramètres que je viens de vous citer. Car il y a des lois scientifiques qui les expliquent, des lois qui nous donneront un jour l’explication du cancer.
La pression : la cancer est un matière dure. Quand on fait la biopsie d’une tumeur, on peut mettre à l’intérieur un petit manomètre qui permet d’évaluer la pression, qui est un phénomène physique. L’augmentation de la pression apparaît dans tous les cancers.
–  La forme fractale, que l’on peut aussi qualifier de stellaire, autrement dit en étoile.
–  Le cancer consomme beaucoup de sucre.
–  Le cancer est acido-basique : il est acide à l’extérieur et basique à l’intérieur. Il s’agit d’une particularité un peu technique certes mais importante.
Je vais faire une petite pause dans mon exposé pour vous parler un peu de l’histoire du cancer qui démarre grosso modo dans les années 1820. Évidemment, les anciens en avaient parlé mais pas précisément. Les métastases ont été nommées pendant les guerres napoléoniennes. C’est à cette époque que l’on comprend qu’une tumeur essaime avec Bichat.
Le cancer tue souvent mais pas toujours. En 1830 en Angleterre, des biopsies sont déjà pratiquées concernant des masses apparaissant dans les seins d’une certain nombre de femmes qui viennent consulter. On peut revoir ces biopsies 200 ans plus tard. 50% de ces femmes étaient encore en vie 3 ans plus tard, et 10% 10 ans plus tard. A une époque où il n’existait absolument aucun traitement. Ce qui signifie que ces maladies ne sont pas toujours fulgurantes.
Vers 1850, on découvre l’anesthésie. La chirurgie prend une nouvelle ampleur et on passe rapidement aux interventions menées sur le sein. Celles pratiquées sur d’autres organes dont le côlon auront lieu bien plus tard.
Dans les années 1920, la nouvelle idée du cancer est émise par John Barbour. Avant de vous en parler, je reviens un peu en arrière pour évoquer les grands anciens qui ne disaient pas que des bêtises.
En 1860 dans le secteur de l’industrie, Louis Pasteur étudie la levure de bière. Il constate que la levure prolifère quand on diminue la teneur en oxygène. Ce qui est tout à fait contre intuitif ! Vers 1910, les Allemands se lancent dans la respiration cellulaire. Ils tentent de comprendre les phénomènes qui se produisent lorsqu’on respire. Toute une équipe de Prix Nobel, ce ne sont donc pas des plaisantins, découvrent que le cancer ne parvient pas à brûler. Quand il n’y a pas d’oxygène, il prolifère comme de l’herbe folle. Warburg affirme que la cellule tumorale étant incapable de brûler, elle prolifère. C’est ce qu’on appelle l’effet Warburg que vous trouvez illustré ci-dessous :
Warburg était un drôle de bonhomme amoureux de ses chevaux et de son majordome. Peu enclin aux femmes et très germanique. Il est resté en Allemagne jusqu’en 1945 tout en restant je pense honnête.
Hitler était phobique, comme tous les végétariens. Il craignait de développer un cancer des cordes vocales. Il a donc précieusement gardé quelques médecins, y compris juifs comme Warburg, autour de lui.
Ce travail sur la respiration cellulaire a tenu compte des effets des différents gaz utilisés pendant la guerre14/18, comme l’ypérite.
On passe à une nouvelle étape de la recherche en cancérologie avec l’informatique. Tout à coup, le code secret apparaît. En effet quand l’idée de Dieu recule, celle d’un code secret contenu dans chaque corps se développe. Ce code pourrait tout expliquer. L’informatique va, pense-t-on, y contribuer. En fait c’est très compliqué. Il y a le génome, puis l’épigénome. Tout cela devient un fantasme d’informaticien. La machine est en route et des dizaines de milliards sont déboursés pour essayer de décoder quelque chose.
Je ne sais pas si l’on peut rapprocher ces faits d’une plaisanterie tragique ou des erreurs de la science. En tout cas, ça n’a pas donné grand chose. Pour les 2 ou 3% de cancers héréditaires, les malades concernés savaient qu’il y avait quelque chose de pas très normal dans la famille. Mais pour la plus grande partie des gens qui ont des pépins, en tout cas à partir d’un certain âge, cette approche génétique et les traitements extrêmement chers qui vont avec n’ont pas beaucoup d’impact.
Je voudrais revenir à un aspect de modélisation. Nous sommes basés aujourd’hui sur un modèle
pasteurien. Ce qui signifie qu’il y a le bien et le mal. Le mal par les infections, les méchantes bactéries. Et les bons flics sanitaires qui vont nous guérir. Ce modèle-là est perçu comme le modèle de base du cancer.
Il existe aussi un modèle métabolique auquel on pense moins. Pour l’illustrer je vais vous poser une question élémentaire : Pourquoi la barbe pousse-t-elle davantage la nuit ? Parce qu’il y a un cycle du jour et de la nuit. Le jour, la température monte, on urine, on bouge, bref, on brûle. La mitochondrie est active. La nuit, c’est différent. La température s’effondre, la barbe pousse. Pour les hommes, il y a des érections nocturnes, et pour les femmes il y a des hormones en folie. On peut comprendre beaucoup de choses en observant cette alternance entre 2 systèmes. Un système de synthèse qui fonctionne la nuit, et un système qui brûle qui fonctionne le jour. Le bébé est en synthèse, et plus on vieillit, plus on « brûle ». On peut relire beaucoup de choses dans la littérature biologique évoquant l’alternance entre synthèse et combustion mitochondriale. On peut donc voir une partie du vivant comme cette alternance entre synthèse et combustion. Le cancer relève de la phase où la combustion est bloquée. On se rappelle de l’observation de Warburg : sans combustion, les organismes prolifèrent.
Parce que tout est lié, je fais maintenant un petit détour un peu technique sur la manière dont nous fonctionnons. Voici le schéma d’une division cellulaire sur une feuille de maïs :
La cellule fonctionne grâce à l’énergie. Elle est électrique. Elle se divise selon un rythme extrêmement précis. On assiste d’abord à la mitose, puis après une petite phase de calme, il y a une synthèse de l’ARL, puis une synthèse de l’ADN, puis une phase de calme, puis une redivision. Ca fait environ 3 milliards d’années que ça dure.
Ce que je voudrais simplement vous montrer, c’est la suite d’oscillateurs couplés qui suivent exactement les mêmes courbes dans la cellule. La cellule fonctionne par conséquent selon un rythme immuable. Ce qui explique probablement plein de choses. En même temps que se déroulent ces phases du cycle cellulaire, l’ADN s’ouvre, se ferme et se démaillote. C’est le mouvement de la vie.
Mais revenons à l’histoire du cancer. La cellule a une façon de respirer. A certains moments, la mitochondrie est ouverte, elle brûle. A d’autres moments, elle ne brûle pas. Cette alternance entre brûler et synthétiser explique toutes sortes de choses. On peut en comprendre que le cancer n’est que l’altération de cette équation première. Ce qui brûle dans la cellule, la centrale, c’est la mitochondrie.
La mitochondrie est entrée dans les cellules il y a environ 2 milliards et 500 millions d’années. Avant, ces deux-là étaient séparées, maintenant, elles vivent ensemble. La mitochondrie a son propre ADN. Dans le cancer, les mitochondries ne fonctionnent pas. Il n’y a donc pas d’énergie, et la concentration d’ATP, c’est-à- dire les dollars ou les euros de l’énergie s’est effondrée par rapport aux cellules normales. Comme il faut tout de même un tout petit peu d’énergie, le seul moyen d’en obtenir, c’est d’ouvrir un peu les portes, ce qui fait rentrer le sucre, qui apporte un peu d’énergie.
Le fait de brûler ou de synthétiser est donc la clé même de la biologie. Lorsque cette alternance est altérée, le cancer se révèle.
Je voudrais juste dire un mot sur la chimiothérapie standard. Ses effets se mesurent au pet scan, un examen qui consiste à injecter du sucre légèrement radioactif qui va se fixer sur les tumeurs et/ou les métastases pour évaluer leur évolution. Si la chimio fonctionne, les petits nodules qui chauffent, chauffent moins. Ce qui signifie qu’il y a moins de glucose capté. La chimio qui tue les cellules a plein d’effets. Y compris le changement de métabolisme. On va essayer de lever l’effet Warburg, c’est-à-dire ce blocage.
J’ai la chance d’avoir un ami génial, Maurice Israël, qui m’a guidé dans ces histoires d’embouteillages métaboliques dans lesquels on se perd tous. Cet homme n’est pas classiquement normé, ce qui le rend absolument génial. Il a fait une liste de molécules qui pouvaient lever le blocage. On les a injectées à des souris. La recherche, que nous avons nous-mêmes financée, a mobilisé une équipe de 5 personnes pendant 5 ans. On injecte. Au bout d’un mois, l’animal est mort, sauf si on a quelque chose d’efficace. On a observé qu’une combinaison ralentissait la croissance d’un cancer. On a poursuivi nos recherches pour élargir les combinaisons et on a trouvé quelque chose qui ralentissait toutes les tumeurs dans tous les modèles.
Quand on a commencé à publier sur l’acide lipoïque, il y avait 2 publications concernant le cancer, maintenant, il y en a 300. Sur l’hydroxycitrate il y en a moins mais on en compte tout de même un certain nombre. Des produits analogues sont en train de se développer, qui vont valoir 1000 fois plus cher.
A côté de ces problématiques, il y a bien sûr les problématiques humaines.
Nous avons des résultats assez encourageants depuis quelques années. Des personnes qui souffraient de cancers qui ne leur laissaient qu’une faible espérance de vie ont dépassé ces délais. Aux États-Unis, un médecin qui a traité des malades à l’acide lipoïque affirme que les personnes atteintes du cancer du pancréas n’en meurent pas tous. Il a été convoqué par une institution de santé américaine qui a vérifié et constaté ses dires, sans qu’il ne se passe rien par la suite…
Tenant compte du cadre législatif extrêmement rigoureux d’une part et face à la population vulnérable des malades qui savent qu’ils vont mourir, j’ai décidé il y a 3 ans de ne pas faire payer les malades que je suis. C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour essayer d’aider les gens comme j’aurais aimé qu’on m’aide lorsque j’ai eu des problèmes.
Pour faire simple, le cancer est une déconnexion de la mitochondrie. Le fioul ne rentre plus, et durant la phase d’amont, la cellule se divise en 2. Si l’on arrive à conjuguer acide lipoïque et hydroxycitrate, la tumeur va se développer moins vite.
Parmi les 11 premiers malades que j’ai traités durant une période de 30 mois environ, 5 sont encore en vie alors qu’ils étaient tous renvoyés chez eux pour y mourir. Plusieurs avaient même eu l’extrême onction.
On peut se tromper sur l’évolutivité d’une maladie lorsque l’on est en début d’histoire, mais quand on en est au stade atteint par les malades dont je vous parle, quand la chimio n’a rien changé, on n’en est plus au début de l’histoire. Vous savez que la vie se compte alors en jours et plus en mois. Il existe des marqueurs très précis comme le taux de PSA. Quand on applique un traitement métabolique, les marqueurs peuvent chuter bien que ce ne soit pas toujours le cas, et l’on peut gagner du temps.
Dans quelle direction allons-nous ? Ce qui me semble assez clair, c’est qu’aujourd’hui, nous avons un effet éminemment reproductible chez les souris. Le fait que la mitochondrie soit inactivée, ou partiellement inactivée, explique le reste. On assiste à un ralentissement de croissance du processus.
Comment l’améliorer ?
Je voudrais partager avec vous les résultats que nous avons reçus il y a une huitaine de jours concernant 500 souris. On a cherché la 3° molécule, celle qui va entraîner un événement tumoral. On leur a injecté d’une certaine façon le cancer et observé si l’on assistait à une baisse de la croissance tumorale.
La baisse est effective dans ce modèle en ajoutant à l’acide lipoïque et l’hydroxycitrate de la metformine, qui est un antidiurétique, à forte dose. Au bout d’un mois, la tumeur diminue. D’où la question suivante : ce phénomène est-il reproductible et universel ? Une levée d’environ 30 000 € devrait nous permettre de répondre à cette question. Si ça se confirme, cette découverte peut constituer une révolution dans le domaine du cancer à court ou moyen terme.
Bien sûr cette démonstration est difficile à mener pour les malades comme pour nous car nous sortons des clous. Nous tâchons de garder nos convictions claires et une forme d’honnêteté la plus intense. Je ne me protège pas derrière une institution ou une blouse blanche.
Nous avons la chance d’avoir parmi nous un monsieur que je ne connaissais pas il y a encore quelques instants, qui est d’accord pour nous faire part de son témoignage. Il va nous dire ce qui se passe dans la vraie vie.
« J’ai développé il y a presque 2 ans un cancer du côlon avec métastases au péritoine. J’ai tout de suite été traité par des chimios. Dès le départ, je me suis documenté pour comprendre la maladie et me redonner le moral. C’était la première chose à faire. C’est à ce moment que j’ai lu un livre du Dr Schwartz et j’ai commencé tout de suite à prendre de l’acide lipoïque. A la fin de mon traitement, au mois de décembre dernier, j’ai été en contact avec une jeune femme de ma commune qui a eu un cancer du sein il y a maintenant 16 ans, avec récidive au foie, au poumon et aux os. Le Dr Schwartz lui a conseillé le régime cétogène qui supprime tous les sucres pour affamer les cellules cancéreuses, et tous les féculents.
On a démarré tous les deux ce régime juste après les fêtes. Depuis ce temps-là, je suis en pause thérapeutique. Tous les 2 mois je fais un scanner. Mon oncologue ne comprend pas très bien, mais le fait est, la maladie ne redémarre pas. Il me faudrait un double qui ne suivrait pas le régime pour être sûr que cette stabilisation est à mettre sur le compte du régime. Pour l’instant je suis en pleine forme alors qu’on ne me donnait pas beaucoup d’espoir au départ. C’est peut-être une solution. »
Dr Schwartz : Je n’en sais pas plus pour l’instant. Nous sommes sur une forme de volcan. On n’est pas aujourd’hui capables de soigner les cancers les plus agressifs. J’ai espoir qu’avec la metformine à forte dose, ça va marcher.
Il n’y a pas que le cancer. Le cancer est probablement le fruit du vieillissement, qui peut être accéléré par des cancérigènes qui sont des agents inflammatoires. Le vieillissement, c’est le lit du cancer mais aussi de la maladie d’Alzheimer et de la maladie de Parkinson. Les mots clés sont les mêmes pour ces trois maladies. Tout ceci est le reflet d’une équation fondamentale. On ne sait donc pas très bien vers quoi faire porter les efforts. J’ai essayé pour ma part d’aller dans la direction d’une science pure.

 

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Extraits des questions-réponses :

Avant d’écouter les questions de la salle, je vais déjà répondre aux différentes questions qui m’ont été posées durant la pause.
D’abord, je consulte à la clinique Labrouste à Paris, tous les jeudi à 11h ou 15h selon les jours. Je rencontre tous les malades gratuitement. Le seul problème, c’est que je déborde. Et humainement ce n’est pas simple. J’essaye de faire ce que je peux en me rendant aussi disponible que possible par téléphone et sur internet.
Ce que j’ai essayé jusqu’à présent, c’est de donner de l’acide lipoïque par voie intraveineuse lorsque c’était possible, lorsque les personnes ont une chambre implantable. L’acide lipoïque se donne alors à une dose de 600mg IV par jour. Ce traitement a son autorisation de mise sur le marché en Allemagne. C’est un traitement qui vise les neuropathies diabétiques. Cette molécule à une cinquantaine d’années. En France, le produit est génériqué. Il n’y a pas d’argent à se faire dessus. On ne trouve donc pas d’intérêt à le vendre en France mais il se trouve sur internet. Il en existe 2 formes : l’acide lipoïque et le sodium R-lipoate qui serait la forme la plus active. Je donne 1,6 gr par jour. La forme IV est peut-être plus efficace que la forme orale. On n’a pas pu faire les essais sur les souris pour s’en assurer. J’ajoute de l’hydroxycitrate, un complément alimentaire qui est sensé faire maigrir. Celui-ci n’existe pas sous forme pure. Je mets 3 fois 500 mgr/jour. Un cas d’hépatite à l’hydroxycitrate s’est produit, qui est aujourd’hui rentré dans l’ordre. C’est pour vous dire que ces substances sont des médicaments. J’ai souvent ajouté du Naltrexone qui diminue l’entrée du glucose dans la tumeur, à 5 mg/jour. Il s’agit d’un traitement des scléroses en plaques pas très répandu mais qui a fait ses preuves. Ce à quoi je crois aujourd’hui, grâce à des données souris, c’est la medformine qui est un traitement antidiabétique vendu sous le nom de Stagid ou Glucophage. Il convient à mon avis de donner des doses importantes. Jusqu’à présent, je ne l’ai pas encore administré. Il est écrit que ce médicament n’est pas dangereux pour les non diabétiques. Ce qui est le cas dans la plupart des cancers. On peut se suicider à l’insuline mais pas au Glucophage. J’ai essayé plein d’autres choses mais sans résultats stables.
Concernant la prise en charge, je n’ai jamais cherché à faire rembourser quelqu’un de ces traitements. Je ne sais pas où on en est sur ce plan. Ce n’est pas de mon ressort.
La question suivante est de savoir si ces apports se conjuguent aux traitements dits standards. Si vous regardez l’efficacité des chimiothérapies, on voit avec certains traitements une décroissance de la masse tumorale. Les malades vont mieux pendant un temps, et puis ça flambe. La résultante totale en espérance de vie n’est pas nette. Je pense que ce dont je vous ai parlé peut se combiner avec ce que l’on appelle actuellement les thérapies ciblées. Celles qui bloquent une entrée métabolique précise. Des chemins métaboliques sont plus importants que d’autres. Ce sont des médicaments peu lourds, qui peuvent rendre service, combinables avec ce type de traitements. Ces thérapies ciblées ne faisant que couper des entrées de nourritures. Les facteurs de croissance, dont l’EPO, ne sont en réalité que du steak hâché qui stimule certains endroits.
Les gens veulent toujours une recette claire et carrée pour survivre le moins mal possible. Je ne suis pas en mesure de la donner. Les choses bougent mais ce n’est pas fini. Si on se met tous en route pour bouger ensemble, j’ai l’intime conviction que c’est jouable à 1 ou 2 ans. En tout cas dans un avenir que nous espérons tous connaître.

 

Qu’est-ce qui cause et comment peut-on prévenir le cancer ? Existe-t-il un régime idéal ?

Il existe toutes sortes de produits toxiques. Il existe une agence mondiale basée à Lyon, le Centre de lutte contre le cancer, qui liste les produits cancérigènes. Certains de ces produits sont indéfendables. Tout le monde sait qu’ils sont toxiques. D’autres comme les ultra-violets, ont été classés un peu de force parce que ça arrangeait l’industrie. Et d’autres font l’objet de débats sans fin car il y a une sorte de refus de constater certaines choses. Je pense que tous les cancérigènes que l’on connaît, qui sont de l’ordre de la pollution mais aussi des hormones, du vieillissement (à mon avis le paramètre le plus important), tous ont un effet sur la déconnexion de la mitochondrie. Je pense qu’il y a une voie commune à la sortie, qui est d’empêcher la cellule de brûler. Un de nos axes de recherche actuels est de comprendre comment le vieillissement est cancérigène. Quand on regarde les courbes de mortalité par cancer, on s’aperçoit qu’il s’agit d’une maladie qui atteint les vieux. Alors on peut dire que c’est parce qu’on a été exposé plus longtemps aux cancérigènes. Mais on peut aussi le voir comme une lapalissade : c’est parce qu’on est vieux qu’on a plus de cancers. La vraie question est de savoir ce que signifie vieillir. Le vieillissement, est, comme le cancer ou l’Alzheimer, une maladie mécanique. Nous avons des câbles partout dans le corps.
Quand ces câbles lâchent, ça provoque des rides, des hernies, des anévrismes, les cancers, etc. L’oxygène diffuse très mal, et plus on vieillit, plus on durcit. Psychiatriquement, humainement et physiquement.
L’oxygène ne passe donc plus, le carburant de la mitochondrie ne passe plus. Il s’agit probablement de la principale cause du cancer. Si cette façon de voir n’est pas politiquement correcte, elle l’est au sens scientifique.
L’autre grande maladie du vieillissement est l’Alzheimer, qui n’a pas de modèle expérimental.
C’est la raison pour laquelle il n’existe pas de traitement. On a pensé qu’à chaque battement cardiaque, le malade recevait comme un petit coup sur la tête. Cette succession donne progressivement, dans notre optique de physicien, la maladie d’Alzheimer. On a pris 500 souris innocentes et on leur a tapé sur la tête 4 fois par jour pendant 6 mois. Il s’avère que tous les marqueurs de la maladie d’Alzheimer montaient. Il est probable que ce sont les mêmes leviers qui agissent au niveau du cancer. La fibre qui se trouve au niveau du cerveau et de la peau asphyxie progressivement les mitochondries qui de ce fait synthétisent et rencontrent le sort qu’on connaît.
Je ne crois pas fondamentalement à un monde sans cancer. Je ne crois pas non plus à l’entière responsabilité des produits incriminés. Je pense qu’il s’agit du domaine de la peur et non de la médecine.
Je pense à une responsabilité majeure de la vieillesse. Quand on vieillit, on n’oxygène moins les tissus, la mitochondrie ne peut plus fonctionner et les maladies liées à son défaut de synthèse sont susceptibles d’apparaître.

 

Existe-t-il un régime optimal pour prévenir tous ces problèmes que l’on sait venir ?

Une seule chose fonctionne, c’est la restriction calorique. On a observé chez les souris, les singes, les rats, les chiens qu’ils vivent plus longtemps quand on leur donne à manger les 2/3 de leur ration normale. C’est-à-dire quand on les affame. Les anorexiques développent moins de cancers et de maladie d’Alzheimer. En 1945, une grande famine s’est abattue sur la Hollande. Ces maladies se sont moins manifestées chez les personnes qui ont survécu. Cette observation étant faite, on peut se poser la question de savoir si l’on veut vivre dans des conditions pareilles…
Une autre manière de réduire le phénomène est de diminuer l’hormone de croissance. Une seule population au monde ne développe pas de cancers. Ce sont des nains qui vivent en Équateur. Ils ne fabriquent pas d’hormones de croissance.
Je ne crois pas aujourd’hui aux campagnes de prévention médicale pour l’Alzheimer et le cancer.
Je pense qu’il est plus pertinent de mettre l’effort sur la thérapeutique que sur une prévention qui me semble hasardeuse.

 

L’activité sportive intensive favorise-t-elle le cancer ?

L’usage d’EPO ne semble pas bon. Mais le sport est bénéfique dans la mesure où c’est une activité qui fait brûler. Des publications font état du fait que les risques de récidives sont atténués lorsque l’on fait du sport. Les sportifs, je dirais moyens, ont une espérance de vie plus importante que les autres.

 

La chimiothérapie n’aggrave-t-elle pas l’état général dans certains cas ?

Dans une première phase, on observe une régression partielle puis ça flambe. La chimiothérapie a des effets secondaires que tout le monde connaît, comme des nausées, la perte des cheveux, etc. Mais je ne dispose pas des données qui permettraient de dire que la chimiothérapie est néfaste.

 

Le magnétisme peut-il avoir une influence ?

On part là en direction de toutes ces données qui utilisent les ondes, le magnétisme, l’homéopathie, l’acupuncture, l’auriculothérapie et les grands gourous. Je ne connais pour ma part que les souris. Et je n’ai rien testé de tout cela sur les souris. Ce qui est frappant, c’est de voir que le cancer est révélateur des folies du temps. Quelqu’un de normal ne recourt pas au pendule. C’est du domaine du voyage en absurdie. D’un point de vue plus scientifique, il y a une écriture de la machine cellulaire comme d’une machine électromagnétique. La cellule est une machine électromagnétique. Les médicaments perturbent son fonctionnement. Je cherche la bonne équation de cette écriture.

Concernant le magnétisme, je pensais aux champs magnétiques et aux fréquences.
Je pense que ce phénomène n’est pas décrypté scientifiquement, même si le concept ne me paraît pas absurde.

 

Que pensez-vous de l’influence des chocs émotionnels ?

La seule chose que je sais, c’est que dans la littérature que je connais, il n’y a pas d’évidence à ce sujet. Je vous rappelle toutefois qu’on a induit une Alzheimer en tapant sur la tête des souris. Peut-être qu’on pourrait constater quelque chose en tapant émotionnellement sur ces souris. Je ne peux pas vous répondre autre chose. Tous les médecins savent que les gens ont envie de relier les ennuis de la vie aux traumas. Alors que ce soit le divorce, le licenciement ou les mauvaises ondes, on les met volontiers en cause.

 

Que pensez-vous des apports hormonaux après 50 ans pour éviter le vieillissement trop rapide ?

Nous ne disposons d’aucune donnée fiable qui prouve que les hormones modifient le vieillissement. Elles augmentent de façon indiscutable l’hydratation vaginale des femmes mais elles ne modifient pas les conditions du vieillissement. Les hormones sont cancérigènes. Lorsque je faisais ma thèse à Strasbourg, je m’étais rendu compte que les cancers du sein, qu’ils soient traités par castration quand les femmes sont jeunes ou œstrogènes, anti-estrogènes, progestérone, anti-progestérone, testostérone, anti-testostérone, vous avez les mêmes résultats non satisfaisants.

 

Vous dites que la vieillesse est la cause du cancer. Comment expliquer alors que des jeunes de 25ou 30 ans en soient atteints ?

C’est une vraie question. Je vais botter en touche. Lorsque vous achetez une voiture, celle-ci est conçue pour rouler 100 000 km. Certaines tombent pourtant en panne plus tôt. Il existe des erreurs de fabrication. Toutes les maladies peuvent se manifester plus tôt. Que ce soit une infection virale ou un génome défectueux, il y a toujours une cause dans le cas des cancers de l’enfant ou du jeune. Je ne crois pas qu’il existe une cause externe dans le cancer du vieux.
Il existe une sorte de loterie, ce qui exclut une cause déterministe. Il existe certains faits avérés.
Les femmes, par exemple, développent leurs cancers ou leur maladie d’Alzheimer 7 ans plus tard que les hommes. Et les pauvres qui travaillent dur rencontrent des pépins plus tôt que les riches. On en revient au métabolisme et au phénomène d’usure. C’est clair. Il existe des prédispositions lorsque le malade est jeune, pas quand il est vieux.

 

On entend dire que le cancer progresse plus vite chez des personnes jeunes que chez les plus âgées. Est-ce vrai ?

Non, on le dit au café du commerce !

 

A partir de quel âge parle-t-on du cancer du vieux ?

On a mené une étude qui montre qu’on peut parler de 40 ans pour les hommes, 45 ans pour les femmes. On raisonne un peu comme on le ferait pour les avalanches. Il y a des données mathématiques auxquelles viennent se mêler de l’aléatoire.

 

Quel accompagnement médical et psychologique préconisez-vous pour la guérison ?

Le problème de l’accompagnement, de la solitude, du désarroi et de la mort pour ce qui est de l’entourage se prête à des débats auxquels je n’aime pas beaucoup participer parce que ce sont des
cache-misères qui évitent d’aborder la vraie question de l’échec que nous rencontrons. Les débats sur la fin de vie sont extrêmement toxiques parce qu’ils masquent le fait que nous sommes démunis vis-à-vis du cancer.
Bien sûr le contact humain, la gentillesse et le partage sont fondamentaux, mais comme ils le sont dans la vie de tous les jours en toutes circonstances.
Éléonore qui est avec nous aujourd’hui et va prendre la parole fait partie de l’association « Cancer et métabolisme », créée il y a un an, qui compte aujourd’hui 850 adhérents. En grande partie des malades.
Éléonore : « Je fais partie de cette association car je suis sensible à cette notion de métabolisme qui n’est pour ainsi dire pas prise en compte par les médecins que l’on rencontre généralement. Je suis éleveur depuis 25 ans, et la notion de métabolisme est essentielle en termes d’élevage. On ne peut pas prendre soin de son troupeau sans craindre les maladies métaboliques. A part dans le cas du diabète, la médecine humaine n’en tient pas compte. Or il me semble que les rations glucidiques ont beaucoup augmenté en l’espace de 40 ans. Nous avons quitté l’alimentation simple des générations précédentes. Ne pourrait-on pas se préoccuper autant de métabolisme qu’en médecine vétérinaire? »
Si vous voulez modifier le métabolisme d’un animal, vous lui coupez les testicules et ça fait un bœuf qui grossit et produit plus de viande. Il est évident d’envisager le cancer comme une fermentation somme toute très proche de la fermentation des levures de bière, c’est une chose. La question est de savoir comment faire entrer ce phénomène en résonance avec le monde de la médecine. Deux blocs risquent de s’affronter.

 

Les traitements que vous préconisez peuvent-ils être efficaces sur des hépatites C ?

Je n’en sais rien. La première personne à avoir utilisé de l’acide lipoïque en intraveineuse est Burt Berkson qui travaillait dans une clinique aux États-Unis. Un jour, un patient est venu le voir pour lui demander de soulager ses douleurs liées à l’arthrose. Il souffrait d’un cancer métastatique par ailleurs mais ce n’était pas le but de sa visite. Burt Berkson lui a donné de l’acide lipoïque sans avoir d’expérience, partant du principe de l’inflammation commune aux deux pathologies. Je pense qu’il existe un traitement universel pour toutes les maladies liées à l’inflammation. Je ne l’ai pas démontré mais j’en ai la conviction.

 

Pouvez-vous nous donner votre avis sur le conseil en génétique relatif au dépistage ?

Je vais vous répondre par quelque chose qui n’a rien à voir. Je voyais une femme qui avait 25 ou
26 ans et présentait un mélanome métastatique. Son mari était diabétique. Ils voulaient avoir un enfant.
Elle me demandait ce que j’en pensais. Je lui ai dit qu’elle pouvait le faire et elle est morte 2 ans après. Je crois que dans ce genre de problématique, il est important de ne pas avoir d’opinion.

 

L’association de l’acide lipoïque et d’un traitement par chimiothérapie est-elle indiquée ou contre-indiquée ?

Je pense que l’association acide lipoïque + hydroxycitrate est totalement fondée lorsqu’elle accompagne une chimiothérapie douce, orale, c’est-à-dire qui ne « dézingue » pas les mitochondries. En revanche, ça n’a pas de sens dans le cas d’une chimio violente par intraveineuse. Le terme de chimio ne veut pas dire grand-chose. Vous en avez de toutes sortes.

 

Que pensez-vous du vaccin contre le cancer du col de l’utérus ?

Je n’ai pas fait vacciner ma fille. D’abord parce que ce cancer est rare chez les bourgeoises, catégorie dans laquelle je classe ma fille. Et parce qu’on ne connaîtra le degré de toxicité que dans 10 ans.

 

Vous n’avez pas parlé de la radiothérapie.

La radiothérapie, comme la chimiothérapie, personne ne sait comment ça marche. Si vous faites une prise de sang à une personne juste après qu’elle ait fait un infarctus, on retrouve tous les enzymes caractéristiques de l’épisode dans le sang. Vous faites la même chose après une chimiothérapie, vous ne trouvez rien. Ça marche donc autrement. Les ions et les électrons perturbent le métabolisme. C’est évidemment un chemin intéressant pour nous.

 

On a l’impression que vous êtes un peu en dehors du circuit de la recherche fondamentale. Quelle relation entretenez-vous avec ce milieu qui a plein d’argent et qui ne trouve rien ?

Concernant mes relations avec l’Institution, je me trouve en son sein. Je travaille, je publie. Un jour viendra où la question de la responsabilité de cet échec se posera. J’ai eu la chance de pouvoir m’exprimer publiquement à travers un film qui est passé sur Arte il y a quelques mois. Plusieurs conséquences ont suivi cet événement. J’ai d’abord souffert de 3 fractures dans le dos car c’était insupportable d’être mis sous les projecteurs de cette façon et j’ai dû faire face à toutes sortes de coups de fil et de réactions de malades. Aucune réaction n’est venue de l’Institution. Je ne peux pas vous en dire plus de mes tribulations personnelles. Je pense que c’est à la société civile de faire bouger les choses.
Ce qui a changé, c’est que les malades qui n’osaient pas parler à leur médecin le font maintenant.
Je reçois donc des appels de médecins mais ce sont des généralistes.

 

Comment financez-vous vos recherches ?

Elles ont coûté environ 3 millions depuis le début. Une partie vient de l’appartement que je ne me suis pas acheté. Une autre vient de contrats industriels, dont l’industrie du tabac. Nous avons toujours essayé d’être honnêtes. Aujourd’hui se pose la question de savoir comment nous allons continuer car nous sommes à sec. Il nous faut environ 30 000€ pour confirmer un certain nombre de choses. Se pose bien sûr la question de savoir dans quelle structure nous pouvons avancer. A l’intérieur ou à l’extérieur de l’Institution ? On peut espérer confirmer certaines données à courte échéance.

 

Vous dites que d’un côté il y a l’Institution et de l’autre un cheminement différent. A votre connaissance, existe-t-il d’autres expériences, d’autres réflexions, d’autres pistes prometteuses dans le monde ?

Concernant le cancer, notre originalité a été de passer des limites qui n’existaient pas. Nous avons fait preuve d’une forme de courage. Je n’ai pas connaissance qu’il se passe l’équivalent ailleurs pour cette maladie. Il y a eu par exemple le Baclofène pour l’alcoolisme, préconisé par des médecins généralistes. Il existe toujours 2 voies. Un modèle de base bon marché et un autre. Vous avez aussi Air France et Ryan Air…

 

La démarche dans laquelle vous êtes engagé est-elle suivie dans d’autres pays, en particulier aux États-Unis ou dans d’autres régions du monde ?

Je ne sais pas. D’une part il y a la médecine institutionnelle et d’autre part ce que font les gens.
Actuellement on ne trouve plus d’hydroxycitrate en France, ce qui laisse imaginer qu’il se passe des choses, mais je n’ai pas de témoignages directs. En tout cas, s’il se passe quelque chose, c’est hors de l’Institution. Au niveau politique, je pense que c’est exactement la même chose. On ne peut pas attendre de nos politiques qu’ils fassent bouger les choses. C’est la société civile qui va les faire bouger.

 

J’ai bien entendu qu’on attendait que les choses viennent de la base, mais n’y a-t-il pas un danger de dérive sectaire ?

L’étymologie de sectaire, c’est ce qui sépare. Je pense que nous sommes en train de nous séparer.
Dans ce sens-là, c’est sectaire. Mais dans un autre sens, par rapport à la façon dont nous sommes censés gérer les maladies ou l’équation de la vie, les choses sont scientifiquement vraies ou fausses. Le temps fera progressivement le tri. Les choses ne peuvent de toute façon que se séparer à un moment ou à un autre.

 

Vous nous avez rapporté vos expériences avec les souris en mettant en avant le fait que le CO2 était certainement la cause du cancer. Avez-vous pensé à une oxygénation plus importante ? En réoxygénant par exemple des souris qui auraient été atteintes.

Je ne dispose pas de la réponse technique. Ce qui m’importe, c’est de comprendre. Et là j’ai compris que le gaz carbonique est un poison pour la respiration.

 

Avez-vous pensé à créer une start-up, ou un autre système capitaliste, avec des participants, des actionnaires, etc. ?

J’ai créé 2 start-up dans mon rôle de fonctionnaire, mais je ne veux pas mélanger une révolution qui vient avec un profit personnel. C’est une question de principe. Bien sûr qu’il y a de l’argent à se faire, mais les enjeux sont de l’ordre de l’humain, beaucoup plus que du domaine du profit. Start-up veut dire business plan et profits. C’est à des gens comme vous de nous guider pour savoir comment faire. Ce que je prends sous ma responsabilité, c’est que les choses aient un sens et qu’elles soient carrées. Le reste, je ne sais pas faire.

 

Il existe également des systèmes de crowdfouding. Un certain nombre d’organisations permettent la collecte de capitaux sous forme de prêts ou de dons. Le moteur des participants, c’est l’intérêt qu’ils vont porter au projet.

Je connais ce système. En revanche, ce que je ne connais pas, c’est la nature du contre-coup que je vais rencontrer en tant que fonctionnaire.

 

Je pense que c’est une fausse réponse que vous vous donnez. Il n’est pas impensable de créer une association qui fasse un appel de dons à travers le crowdfouding.

C’est difficile de vous répondre. Évidemment, il y a de fortes chances pour que ça finisse de cette manière.
Je vais juste vous laisser entendre les conséquences personnelles de la sortie d’un livre que j’ai écrit il y a 20 ans. Ce livre, qui s’appelait « Métastases – Vérités sur la cancer », disait que la chimiothérapie ne fonctionnait pas dans le cas du cancer. Vous imaginez qu’au sein même de l’Institution de l’Assistance Publique, les choses ne se sont pas très bien passées ! Depuis, à chaque fois que j’ai bougé médiatiquement, à chaque fois que j’avais quelque chose à dire, les choses ont été compliquées.

 

Si vous réussissez à trouver un thérapie efficace contre le cancer, comment imaginez-vous la mise sur le marché pharmaceutique ? Ne sera-t-il pas question d’un médicament seulement réservé à une tranche riche de la population ?

Je pense que les traitements sont là. On n’a pas forcément la bonne combinaison ni la bonne dose. C’est le modèle économique tout entier ainsi que la puissance du médecin et du savant qui vont bouger. Soit on parvient à contrôler ce mouvement et les choses se passent dans le calme, soit les choses vont se faire de manière explosive. Je n’en sais rien.
Imaginez simplement ce que représentent les appels de ces malades en plein désarroi qui espèrent le meilleur, les problèmes des thésards, et la science qui n’est pas simple. Tout ceci est épuisant au même titre qu’un véritable marathon.

 

A propos de lobbying. Une récente étude démontre que les traitements contre la maladie d’Alzheimer n’ont aucun effet sur la maladie mais enrichissent les laboratoires. Est-on prêt à perdre nos emplois dans l’industrie pharmaceutique, pour arrêter ces scandales ?

Je pense que comme tout être dans toute société, on a tous envie de se cacher derrière son petit doigt. Ces bulles vont forcément exploser à un moment ou à un autre. La question est de savoir ce que l’on va faire après. Je voudrais revenir sur la question de l’emploi. Au nom de l’emploi, on vend des armes de guerre à des pays dont on ne sait pas ce qu’ils vont en faire. On ne modifie pas un certain nombre de processus médicaux parce qu’il faut conserver de l’emploi dans des usines de médicaments. Je commence à penser que l’emploi devient une notion perverse qui conduit à faire des choses épouvantables !

 

Vous nous avez dit que vous aviez travaillé avec des chercheurs, des mathématiciens, des physiciens, jeunes pour la plupart. Ces personnes ne peuvent-elles pas vous aider puisqu’elles font partie d’institutions ? Elles peuvent peut-être bousculer des règles et règlements, vous aider différemment.

Ces personnes capables d’éclairs de génie sont tous à la marge. Le problème, c’est de trouver des gens géniaux et pas trop fous ! Je me souviens d’un type extraordinaire qui m’a soufflé des idées géniales, qui était venu me voir un jour en kilt, non pas parce qu’il était déguisé mais parce qu’il trouvait que c’était mieux pour l’aération !

 

Votre précédent livre était « Le principe de vie », pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

J’ai même écrit d’autres livres qui parlent de l’idée qu’il y a deux forces. La première est liée à la synthèse, au fait que cela ne brûle pas. Ce dont je ne dispose pas encore, c’est de l’équation de départ de la division cellulaire. Cette idée est inaudible au sens institutionnel, et probablement incompréhensible pour pas mal de gens.
En 1946 apparaissaient les premières super calculatrices. Deux Anglais, Hodgkin et Huxley, firent l’équation de l’influx neurologique. Le sodium rentre, le potassium sort. Ils avaient l’équation. Quand vous moulinez un peu cette équation, on obtient quelque chose qui se rapproche de la cellule. Et la division cellulaire est probablement la réponse à la même équation, qui est un équation lourde qui tient plein d’autres choses.

 

On peut dire que ce serait à la biologie l’équivalent de la physique quantique à la physique mécanique ?

C’est même plus simple, car la physique quantique est tout de même assez compliquée.
Les médecins en sont restés à l’ère précédant la compréhension de la gravitation. Le génie de
Newton n’a pas été de comprendre ce qui se passe quand une pomme tombe par terre, mais de comprendre que la lune ne nous tombe pas dessus parce que la terre bouge. Ces équations simples de gravitation ne sont pas écrites en médecine. C’est cela que je recherche. En biologie, on est à l’âge de pierre, à l’ère des croyances.

 

La difficulté financière que représentent pour certains malades ces traitements non pris en charge ne freine-t-elle pas l’avancée de vos recherches ?

La question de l’argent n’est pas ici centrale. Les sommes que mes recherches demandent ne sont pas très importantes. C’est une histoire de courage. Courage de se rendre compte que la recherche institutionnelle n’avance pas, courage de se rendre compte qu’on a fait fausse route.

 

Pourquoi dit-on que les cellules cancéreuses sont des cellules jeunes ?

Elles ne sont pas jeunes. Quand on est jeune, on peut se mettre en synthèse et s’arrêter. Le terme de « bloquées » convient donc mieux que « jeunes ». Ce qui est clair, c’est que le jour où elles se débloquent, c’est fini.

 

Dans ce cas, la prévention ne sert à rien ? Tous les tests qui permettent de voir si on développe un cancer sont donc inutiles ?

La prévention est basée sur la peur vis-à-vis de quelque chose qu’on ne sait pas guérir.
Aujourd’hui, vous voyez toutes les polémiques sur les statines ou le cholestérol, vous voyez les données sur la mortalité par cancer. On a laissé tomber les campagnes de dépistages du cancer de la prostate par PSA. Je n’en sais pas plus. Je pense que le problème central, c’est qu’on n’arrête pas cette fermentation.
Le jour où nous parviendrons à la stopper, on aura gagné.

On a vu des campagnes de publicité mettant en avant l’idée que le cancer allait devenir une maladie bénigne ou presque. Dans quel état d’esprit êtes-vous en constatant que ces campagnes existent alors qu’on ne vous suit pas dans les démarches que vous entreprenez pour viser précisément ce résultat ? Qu’allez-vous faire si vous êtes obligé de terminer votre carrière sans que vos recherches soient prises en compte ?

Comment vit-on les échecs de l’existence ? C’est la question !
Le but est-il de faire bouger l’Institution ? J’ai toujours pensé que le combat avec l’Institution du cancer était inévitable. J’espère éviter le combat avec l’Institution scientifique au sens large.
J’ai tenté d’obtenir des financements publics ou institutionnels type l’ARC ou La Ligue. Je n’y suis jamais parvenu. La perspective de parvenir à débloquer le cancer avec des sommes ridiculement faibles est totalement incompréhensible pour les instituts qui vivent des sommes en jeu.
J’aimerais mettre les expériences de souris que nous menons en temps réel sur internet. Il me semble que ce serait un message extrêmement puissant.

 

J’ai une question un peu en forme de provocation. Pourquoi ne demandez-vous pas 100 fois plus que les 30 000€ dont vous avez besoin ? Quitte à rembourser après les 99% dont vous n’avez pas besoin !

Je ne sais pas quoi vous répondre ! J’ai la chance d’avoir le salaire d’un praticien hospitalier, et ma femme est directrice de la Direction Générale des Musées. Nous vivons donc convenablement. Et je préfère de loin une forme d’honnêteté fondamentale, mais je comprends très bien ce que vous voulez me dire. Les choses ne sont pas audibles lorsqu’elles sont ridicules.
Pour terminer, ce que je voudrais dire, c’est qu’il y a probablement une solution assez rapide.
L’équation fondamentale est à portée de main. Nous avons besoin avec mon équipe d’une forme d’appui pour bouger. Nous sommes donc à l’écoute de vos idées.

Compte-rendu réalisé par Laurence CRESPEL TAUDIERE
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