Merci beaucoup. Bravo pour ces recherches.
Il y a même des choses que j'avais oublié que j'étais responsable de ça.
Il y a une seule chose qui n'est pas vraie, je ne suis pas diplômé de l'école Polytechnique.
J'ai fait une autre école d'ingénieur qui est une école d'application de Polytechnique et qui est située sur le campus de
l'école Polytechnique, mais qui n'est pas l'école Polytechnique.
Et je suis surtout président de l'ONG One Home, dont le but est de nous émerveiller avec les images de la Terre vues
depuis l'espace.
Et c'est une des choses dont je parlerai ici.
Et ça, je pense que c'est important de le rajouter.
En tout cas, je vais vous parler d'autre chose aujourd'hui.
Je vais vous parler d'un travail qui m'anime depuis un certain nombre d'années, qui est d'imaginer une voie pour
l'humanité afin de réussir la transition écologique.
Et cette voie, elle s'appelle la Révolution Bleue.
Et ce soir, on va prendre le temps de vous expliquer les différents piliers de cette Révolution Bleue et en quoi elle
pourrait rendre cette transition à la fois désirable et irrésistible.
Et vous comprendrez ce que fait le petit prince sur cette planète qui est la nôtre au fur et à mesure de mon exposé.
Pour comprendre d'où vient cette Révolution Bleue, il est toujours intéressant de connaître un peu la personne que vous
avez en face de nous.
Il y a un certain nombre de choses que tu nous as dites.
Je suis né à Nice il y a 51 ans.
C'est une ville qui est caractérisée, si vous y avez été, par le bleu de la mer Méditerranée, mais aussi par le bleu du ciel.
C'est un bleu qui est extrêmement profond et qui a inspiré de nombreux peintres. Et moi, j'ai l'impression d'être né dans
le bleu.
Ce bleu, c'est aussi le bleu de la Terre vue depuis l'espace. Et ce bleu est vraiment la source de mon inspiration et la
source de mes rêves.
Très tôt, j'ai été sensibilisé à la cause environnementale.
Malgré mes parents qui n'étaient pas du tout là-dedans, ils m'ont offert un jour un livre sur les espèces en voie de
disparition. Et dans ce livre, il y avait une cinquantaine d'espèces, il y en avait quatre au début qui avaient
complètement disparu, et puis il y en avait 46 à la fin, qui étaient des espèces que je connaissais et qui risquaient de
disparaître.
Les lions, les tigres, les léopards, les éléphants...
ces espèces-là, je les connaissais et pour moi, c'était une angoisse énorme de se dire que peut-être bientôt il n'y en
aurait plus.
Et je ne comprenais pas pourquoi on avait tué jusqu'au dernier représentant des quatre espèces qui étaient
mentionnées au début : il y avait le dodo, il y avait un animal qui était en Tasmanie.
Et je me disais, ceux-là, on ne les verra plus jamais, et peut-être dans le futur, on ne verra plus jamais de léopard.
Et il y avait les chiffres des populations de ces différents animaux qui étaient donnés, et notamment la population des
pandas.
Il y avait 1600 pandas en 1979 quand j'ai découvert ce bouquin, et c'était un carré de 40 par 40.
Je pense que c'est là où je me suis intéressé aux mathématiques.
Parce qu'à l'époque, je ne savais même pas si je savais compter jusqu'à 40, et je me disais "mais ça fait pas beaucoup
40 par 40".
Et s'il faut, on va tous les tuer, les pandas.
Et en fait, de cette liste d'animaux, c'est la seule espèce de ces 46 espèces d'animaux dont la population a augmenté
depuis 1979.
Pourquoi ? Parce que c'est une espèce qui est aimée et qui est aussi un animal géopolitique.
Et on verra que la géopolitique et l'amour, c'est au coeur de tout ce qu'on va expliquer derrière.
Et en fait, depuis ce moment-là, je me suis fait un pacte à moi-même d'essayer, quand je serai grand, de faire quelque
chose pour aider les humains à préserver les animaux sauvages et surtout, en général, à préserver la nature.
Donc ça m'a amené à faire au départ des sciences, parce que je pensais qu'il suffisait d'expliquer aux gens les choses
avec les bons chiffres pour que les gens agissent.
Malheureusement, c'est beaucoup plus compliqué que ça.
Et ça m'a amené à m'intéresser à beaucoup d'autres choses, notamment l'économie et la géopolitique, pour
comprendre pourquoi, en fait, les sociétés humaines se détruisent entre elles et détruisent la nature.
L'enjeu de ma vie, c'est celui-là.
Alors, comme je vous disais, à Nice, ce bleu a inspiré des peintres, par exemple Matisse, mais il a aussi inspiré un autre
peintre qui s'appelle Yves Klein.
Est-ce que certains d'entre vous connaissent Yves Klein ?
Levez la main.
Pour celles et ceux qui ne le connaîtraient pas, c'est un peintre qui est connu pour son bleu.
Parce qu'il a fait des monochromes bleus, vous en voyez accrochés sur ses tableaux.
Ça peut sembler être comme une farce de faire un tableau tout bleu.
Mais ce bleu, il est très particulier.
Il a fait l'objet d'une recherche très profonde d'Yves Klein qui cherchait une nuance de bleu qui dématérialise la matière.
Si vous prenez du bleu Klein, cette nuance de bleu, et que vous prenez un rocher, vous le peignez en bleu, vous avez
l'impression que le rocher a le poids d'un nuage.
Et ce bleu Klein, il en a fait cette piscine.
Et quand le Musée d'Art Contemporain a ouvert, c'était en 1900, enfin moi, j'avais 15 ou 16 ans, j'ai eu une épiphanie
dans cette salle en me disant, mais il y a quelque chose de l'autre côté de cette piscine de bleu.
Et ce bleu est aussi un pont entre le monde visible et invisible.
Et ce bleu m'a parlé, j'en suis tombé amoureux.
Et Yves Klein, il avait un rêve, il est mort très jeune, il est mort à 34 ans.
Beaucoup de gens pensaient au départ qu'il était mort en manipulant des produits chimiques.
Mais je vous dirai peut-être pourquoi il est mort aussi, la vraie raison.
Et Yves Klein avait un rêve avant de mourir qui s'appelait la Révolution Bleue justement.
Et cette Révolution Bleue, c'était de se dire, donc lui, c'était un peintre niçois, qui était né à Nice, qui était tombé
amoureux de ce bleu aussi.
Il voulait disséminer ce bleu partout dans le monde.
Il était très pressé, il sentait peut-être qu'il allait mourir.
Il avait été jusqu'à écrire à Khrouchtchev et à Eisenhower de mettre des pigments bleus dans les bombes atomiques
quand ils faisaient des essais atmosphériques pour pouvoir répandre ce bleu plus rapidement.
Et malheureusement, il est mort à 34 ans.
Il n'a pas pu faire cette Révolution Bleue et amener ce ciel, ce bleu de Nice partout.
Et quand moi j'ai découvert ce musée à l'âge de 16 ans, j'ai trouvé que cette idée de Révolution Bleue était géniale,
mais j'ignorais à l'époque que 34 ans plus tard, je me retrouverais à écrire une série et à imaginer une utopie qui soit la
Révolution Bleue.
Et vous allez voir, en fait, qui prolonge la Révolution Bleue d'Yves Klein.
Donc ça, c'est dans mes inspirations profondes.
Autre inspiration profonde, c'est Antoine de Saint-Exupéry.
Peu de gens le savent, mais Nice est une ville exupérienne.
On sait que Toulouse est une ville exupérienne où il a vécu avec l'aventure de l'Aéropostale.
Et je remercie vraiment ceux qui ont fait venir cet avion qui est une reproduction d'un avion de Saint-Exupéry, Mermoz
et Guillaumet.
Antoine de Saint-Exupéry a vécu à Nice en 1931, il s'est même marié à Nice avec Consuelo, et c'est à Nice qu'il a écrit
"Vol de nuit", qui a été récompensé par le Prix Femina, et c'est ce roman qui l'a fait entrer dans la catégorie des
écrivains.
Avant, c'était un écrivain aviateur, mais il est vraiment devenu écrivain.
L'enjeu de tout mon travail depuis cette époque-là, c'est d'essayer de trouver un moyen de réconcilier l'humanité et la
Terre et d'essayer d'écrire une histoire plus belle entre l'humanité et la Terre, et si possible une histoire d'amour qui
dure entre l'humanité et la Terre.
C'est ce qui m'active depuis l'adolescence.
Ça n'a pas trop marché, je vous l'avoue, parce que ça, c'est une photo qui date d'il y a 3 ou 4 mois.
Les conditions d'habitabilité de la Terre se sont plutôt détériorées.
Je ne veux pas du tout vous faire un exposé pessimiste, il y a des tas d'autres gens qui vont vous le faire, mais ça, c'est
une photo qui a été prise à Los Angeles à l'automne dernier, où vous avez eu des feux records qui étaient la
conséquence de deux limites planétaires : la chaleur, plus une sécheresse en plus du vent à Los Angeles, dans une
zone très particulière à Hollywood où le feu s'est emballé.
On a eu des circonstances similaires pas très loin d'ici dans les Landes.
Ça a été pris il y a deux ans et demi quand il y a eu les grands feux dans les Landes.
Et là aussi, c'est une manifestation du croisement de deux limites planétaires.
Et aujourd'hui, l'humanité a dépassé sept des neuf limites planétaires.
C'est-à-dire qu'on considère qu'il y a sept fonctionnalités vitales critiques dans la Terre : une, c'est le climat ; une autre,
c'est la biodiversité. On en a parlé des deux, vous avez ici l'eau, c'est la troisième, mais vous avez le cycle de l'azote et
du phosphore, vous avez l'acidification des océans, les polluants que vous relâchez dans l'eau, dans l'atmosphère et
dans la Terre, l'artificialisation des sols.
Et tout ça, c'est des choses sur lesquelles l'activité humaine vient perturber le fonctionnement de la biosphère.
Et donc on est dans cette époque critique où le système Terre est malade à cause des activités humaines.
Il faut arriver à transformer ces activités humaines, c'est-à-dire donc transformer l'économie de façon à arriver à vivre à
nouveau en harmonie et en amour avec ces limites planétaires.
Mes réflexions sur l'Overview Effect partent en fait de recherches que je regardais au début des années 2000, sur la
psyché humaine, parce que très souvent, les gens voient les problèmes écologiques comme des problèmes extérieurs.
C'est-à-dire comment réparer le monde ou comment mettre des éoliennes, des centrales nucléaires ou des centrales
solaires pour changer des systèmes.
Mais le point de départ de notre interface entre nous et le monde, il démarre par notre regard et la manière dont on
interagit avec le monde.
Aujourd'hui, tous les changements ou toutes les politiques écologiques essaient de nous faire changer nos habitudes.
Et on sait que ce n'est pas très simple de changer des habitudes, qu'elles soient alimentaires ou de transport.
On est ancré dans nos habitudes.
Et si on fait un peu de psychologie, on s'aperçoit que les habitudes, elles répondent à des programmes plus profonds
dans notre psyché, qu'on appelle les croyances, qui sont des programmes inconscients et qui sont liés à votre
éducation ou à des choses dont vous êtes auto-persuadés.
Par exemple, il y a des gens qui vous disent que si vous ne mangez pas de viande, vous allez mourir, ou mais vous
pouvez réduire en tout cas la viande.
Mais on peut être dans des schémas où l'on croit des choses très fort, et ça nous empêche de changer.
Donc agir au niveau des croyances, de ces programmes inconscients, ça peut être une stratégie beaucoup plus efficace
si l'on veut changer la société et comprendre les interactions entre les croyances et les habitudes.
Et si vous descendez encore plus profond dans la psyché humaine, vous avez une couche qu'on appelle en anglais
"worldview" ou "vision du monde", qui est en fait la couche de logiciel très basse qui s'active quand vous ouvrez les
yeux le matin.
Et en fait cette couche de logiciel qui regarde le monde, qui est vraiment la manière dont votre regard est programmé,
elle n'a pas beaucoup changé depuis la fin de l'ère glaciaire, c'est-à-dire le début du néolithique.
À cette époque-là, on ressemblait peut-être à ça, selon cet artiste, des tribus d'Homo Sapiens qui se retrouvent après
une longue période de gel dans un éden, c'est-à-dire une planète extrêmement accueillante.
À l'époque, il y avait en moins de 10 000 ans, à peu près un million d'Homo Sapiens sur Terre.
Aujourd'hui, on est 8 milliards, donc vous voyez.
Et à cette époque-là, on n'avait pas du tout les moyens technologiques et énergétiques d'aujourd'hui.
On avait une manière douce d'habiter la Terre, même si on était des chasseurs-cueilleurs.
Et ces chasseurs-cueilleurs, ils avaient, en regardant le monde, une illusion ou une certitude : c'était qu'ils sont tout
petits dans une planète immense.
À l'époque de la préhistoire, vous ne pouviez pas faire le tour du monde. D'ailleurs, ils n'avaient aucune idée de la taille
du monde, même de conceptualiser le monde.
Et aujourd'hui, on vit toujours avec cette idée que le monde est très grand.
Il y en a peut-être certains d'entre vous qui ont fait une heure de route pour venir jusqu'ici.
Et c'est vrai que quand on est sur la route ou que vous êtes dans l'avion, vous dites, mais le monde, il est gigantesque.
Est-ce que c'est vraiment nous, les humains, qui faisons changer ce système climatique ?
On peut s'interroger là-dedans parce qu'on est tellement petit par rapport à ce monde immense que ça semble
impossible qu'on ait eu un impact sur ce monde.
Alors la réalité, si vous étiez que deux sur la planète Terre, vous pourriez tout polluer.
Il n'y aurait aucun impact sur les limites planétaires. Le problème, c'est qu'on est 8 milliards, et à 8 milliards, le monde
cesse d'être grand, il devient petit.
Et au début de mes recherches, je me disais, mais comment est-ce qu'on pourrait faire comprendre ça aux gens ?
C'est-à-dire, faire comprendre aux gens que le monde n'est pas infini, qu'il est fini, qu'il n'est pas inerte, mais qu'il est
vivant, et qu'il n'est pas séparé mais interconnecté.
En 1996, quand j'ai fini mes études d'ingénieur, je m'étais orienté dans la transition énergétique et j'ai un de mes
meilleurs amis qui lui est allé travailler pour l'ancêtre d'Arianespace.
À l'époque, ça s'appelait l'Aérospatiale.
Et comme il savait que je m'intéressais à l'environnement, il m'offre ce livre qui s'appelle "Clair de Terre".
Et dans ce livre, en fait, il y avait des photographies d'astronautes de la Terre prises depuis l'orbite et des textes
d'astronautes du monde entier.
Ce livre, il a été édité par l'Association des Explorateurs de l'Espace, qui est en fait la réunion, le collectif de tous les
anciens astronautes, et qui ont édité ce livre pour partager leurs expériences.
Et en lisant ce livre, il y avait des photos à couper le souffle de la Terre vue depuis l'espace, un peu comme celles que
vous trouvez dans les livres de Thomas Pesquet.
Mais il y avait surtout des citations extrêmement fortes d'un point de vue poétique, mais plus que poétique.
Elles disaient des choses que moi je n'avais jamais entendues par d'autres humains, et je me disais, si cette manière de
voir le monde était généralisée, en fait, ce serait beaucoup plus simple de changer le monde.
Je vais vous lire quelques-unes de ces citations pour que vous compreniez ce qui m'avait tant impressionné.
La première, c'est une citation d'un sultan d'Arabie saoudite qui a volé dans la Station spatiale internationale.
Il dit : "Les premiers jours, nous montrions nos propres pays, au troisième et au quatrième jour, notre continent.
Dès le cinquième jour, nous ne fîmes plus attention qu'à la seule Terre."
Donc il y a l'idée, quand vous êtes dans l'espace, qu'il n'y a qu'une seule humanité, il n'y a qu'une seule Terre, il n'y a
qu'un seul territoire, et que les notions de frontières auxquelles on est tant attachés et qui sont uniquement des
croyances – c'est un pré-conditionnement que vous soyez de Cholet, de Vendée, de France, d'Europe et du monde.
Et ça ne veut pas dire que c'est un mauvais conditionnement, mais si ça mène à des disputes de territoires et que ça
mène à détruire la Terre, c'est un conditionnement qui peut être dangereux.
Et même s'il garde l'attachement à son pays, il se rend compte de manière implicite dans l'espace qu'il n'y a qu'une
seule humanité et un seul territoire.
Une autre citation d'un astronaute américain lui dit : "Je regardais au dehors la noirceur de l'espace, semée
splendidement d'un univers de lumière. Je vis sa majesté, mais nulle bienveillance. C'est en dessous qu'il y avait une
planète accueillante. Là-dessous, enclos dans la fine et mouvante coque de sa biosphère, si étonnamment fragile, il y a
tout ce qui est cher à nos coeurs, tout le drame, toute la comédie humaine. C'est là qu'est la vie, là que sont toutes les
bonnes choses de la vie."
Dans cette citation de Loren Acton, il y a quelque chose d'autre qui est dit, il y a le fait que, en fait, le monde vivant, il
est sous vos pieds.
Ça paraît bête, mais quand on est sur Terre, on a l'impression que la vie, c'est un phénomène qui est général.
Mais quand vous êtes dans l'espace, vous voyez une planète accueillante dessous.
Et dès que vous levez les yeux, en fait, autour de vous, il n'y a rien.
Donc il y a vaguement des planètes du système solaire et pour l'instant on n'a trouvé aucune forme de vie dans ces
planètes-là.
Et la prochaine étoile, elle est à 4 années-lumière.
Il faudrait 10 000 générations pour y aller et 10 000 générations pour y revenir.
Quand vous serez arrivés au bout de 10 000 générations, c'est-à-dire les enfants de vos enfants...
Imaginez, ils auront probablement oublié la question qu'ils se posaient en partant.
Et en arrivant là-bas, quand bien même ils trouveraient de la vie et qu'ils viendraient le relater, ils arriveraient 10 000
générations plus tard, je pense qu'ils seraient incompris.
Donc ça veut dire une chose, c'est que dans notre petit coin de l'univers, c'est-à-dire dans le système solaire, on sait
qu'il y a la vie, il y a peut-être d'autres formes de vie à la prochaine étoile qui est à 10 000 générations de nous, mais
entre les deux, il n'y a rien, et nous on est assez fous pour détruire la vie sur cette planète-là.
Et donc pour les astronautes, ils ont cette prise de conscience du néant autour de la Terre et de la chance
extraordinaire de vivre sur cette oasis. Et ça devient non pas une nécessité, mais une évidence de protéger la vie.
Et c'est pour ça que beaucoup d'astronautes, comme Thomas Pesquet et d'autres, sont devenus des grands
défenseurs de l'environnement.
Parce que c'est devenu une évidence qu'il fallait absolument tout faire pour préserver ce phénomène qui est peut-être
unique dans l'univers ou peut-être qui est partout dans l'univers, mais en tout cas dans notre petit coin, il n'y a que nous
qui en sommes détenteurs.
Une autre chose est aussi que dit cette citation : c'est que vous contemplez tout le drame humain.
Quand vous êtes astronaute dans la Station spatiale internationale, vous contemplez toute l'humanité sauf vous.
C'est quand même une façon un peu privilégiée de voir les choses.
Alors ?
Ce n'est pas tout à fait vrai parce que maintenant il y a une station spatiale chinoise aussi.
Donc vous contemplez toute l'humanité sauf vous et les astronautes de la station chinoise.
Mais bon, à peu de choses près, on est dans cette position et ça les amène à relativiser les guerres, tout un tas de
choses pour lesquelles on passe notre temps à nous disputer et de se ramener à l'émerveillement juste d'exister au
miracle d'être là sur cette planète magique.
Et il y a vraiment ça qui habite les astronautes quand ils sont revenus.
Et la troisième citation que je voulais vous partager là, c'est un astronaute allemand.
Lui disait : "J'aurais souhaité après mon retour que les gens me demandent comment c'était là-haut, comment je m'étais
associé à cette noire brillance du monde et quelle impression cela m'avait fait d'être comme une étoile tournant tout
autour de la Terre."
Il y a une sorte d'incompréhension, comme si lorsqu'il était revenu, on n'avait pas compris ce qu'il avait à dire.
Si vous connaissez le mythe de la caverne de Platon, il y a des êtres qui sont remontés en haut de la caverne pour voir
ce qui créait les ombres qu'ils voyaient s'agiter.
Et quand ils reviennent, ils n'arrivent pas à expliquer aux autres humains quelles sont les choses qu'ils ont vues, et
presque on se moque d'eux, et il y a quelque chose de cet ordre-là.
Et aujourd'hui vous avez beaucoup d'astronautes qui ont fait des dépressions après leur retour sur Terre, ou qui sont
devenus alcooliques ou qui ont eu des addictions parce qu'ils ne se sont pas sentis compris par le reste des humains.
En tout cas, ils ont vécu une expérience très particulière.
Et cette expérience, elle les a transformés parce qu'elle leur a fait comprendre justement que la Terre est une, que la
Terre est vivante, que la Terre est finie, que la Terre est interconnectée, que c'est un être vivant.
Et au départ, ce n'étaient pas du tout des gens qui étaient conditionnés, entraînés pour comprendre ça, puisque
c'étaient souvent des ingénieurs ou des militaires ou des techniciens, les gens qui sont partis là-haut.
Et pourtant, ils ont eu cette transformation poétique et cette transformation de leur vision du monde et du regard.
À l'époque où je m'intéresse à ça, je me dis, mais il faut que je discute avec des astronautes, quoi ?
Pour moi, des astronautes, c'étaient des super-héros.
Donc je vais à un certain nombre de conférences en 1996 d'astronautes en France.
Puis après je pars en 97 faire de la recherche en maths aux États-Unis.
J'ai rencontré beaucoup d'astronautes là-bas aussi, quand ils faisaient des conférences, et à chaque fois je leur posais
une question, je leur disais, mais : "Est-ce que vous avez eu quelque chose de particulier qui s'est passé, une
transformation poétique dans l'espace ?"
Et ils me disaient tous : "Je ne peux pas en parler en public, revenez à la fin."
Et quand je revenais à la fin, souvent ils fondaient en larmes et ils me disaient : "Je suis tombé amoureux de la Terre,
quoi !"
Je dis : "Ah, ça c'est intéressant !"
Et ils me disaient : "J'ai eu une expérience très profonde", et les astronautes, quand vous parlez avec eux de ce
moment-là, ils arrivent tout de suite à se remémorer l'émerveillement qu'ils ont eu en voyant la Terre pour la première
fois et les heures ou les semaines à la regarder qu'ils ont passées dans l'espace.
On appelle ça le "Earth Gazing".
Le "Stargazing", c'est le fait de regarder les étoiles, et le "Earth Gazing", c'est le fait de regarder la Terre.
Et ces astronautes étaient vraiment touchés.
Ils disaient : "J'ai eu une épiphanie, une sorte de conversion à quelque chose de beaucoup plus grand que moi en
voyant la Terre vue depuis l'espace."
Au moment où j'interviewais ces astronautes, j'apprends qu'un chercheur de Harvard était lui aussi en train d'interviewer
des astronautes, et il était en train d'écrire un livre qui s'appelle "The Overview Effect" et dans lequel il a montré que
l'expérience d'astronaute est très particulière parce qu'elle réunit quatre choses.
Et quand vous réunissez ces quatre choses, vous pouvez avoir des expériences qui changent totalement votre vie, des
épiphanies.
Et ces quatre choses, c'est la première, c'est la vision grand large de la Terre qui tourne de manière lancinante et qui
crée un effet hypnotique. La deuxième, c'est l'apesanteur qui vous crée une espèce d'effet de calme.
La troisième, c'est la peur, parce que vous êtes dans un endroit qui est très fragile, et sans doute parce que vous êtes
dans un endroit qui est très fragile, vous ressentez la fragilité de la Terre.
Et la quatrième, c'est le silence que vous avez dans certaines zones de la Station internationale.
Et quand vous avez tout ça ensemble, que vous soyez seul ou avec vos amis astronautes, vous avez toutes les
conditions pour avoir une expérience extatique.
Et même les astronautes font un peu attention.
C'est un peu comme les plongeurs quand ils vont en profondeur et qu'ils ont l'ivresse des profondeurs.
Ils peuvent parfois s'oublier, et il y a des astronautes, notamment quand ils sont en sortie extravéhiculaire avec leur
scaphandre, qui est vraiment l'expérience ultime que vous pouvez faire, qui n'ont pas envie de rentrer.
Il y a Ed White qui a été le premier Américain à faire une sortie extravéhiculaire, il a failli ne pas rentrer.
Ils sont tous briefés, un peu comme des plongeurs, pour dire : "Attention, à un moment ça va arriver, vous n'aurez
qu'une seule envie, c'est de fusionner avec l'Univers."
Mais ça, si vous fusionnez avec l'Univers, c'est chouette, mais vous ne revenez pas vraiment.
Donc il faut faire attention.
En tout cas, eux, ils ont eu ce sentiment de dissolution de l'ego, de fusion avec la Terre et cet Overview Effect.
Et je me disais finalement, c'est une expérience sensorielle cette chose-là, c'est-à-dire on les confronte à la Terre, ils la
voient, ils l'éprouvent, ils ressentent.
Et si on crée de manière virtuelle, si on recrée de manière virtuelle, ça peut être qu'on pourrait planter une graine
d'Overview Effect dans l'esprit de chacun des humains.
Et donc à cette époque-là, c'était en 96 ou 97, je me dis, essayons de simuler ça.
Donc l'ami qui bossait à l'Aérospatiale à l'époque, lui, il était parti au MIT.
Moi j'étais à Chicago, dans une université.
Et il était dans un laboratoire de réalité virtuelle.
Au départ, on a essayé avec de la réalité virtuelle de simuler.
Ici, on est dans le temple de la réalité virtuelle, le temple vendéen, voire même national, de la réalité virtuelle.
Et à l'époque, les systèmes de réalité virtuelle étaient très chers, ça coûtait 1 million de dollars le système, donc ce
n'était pas généralisable et on avait déjà moi j'ai jamais voulu que l'expérience entre nous et la Terre puisse être une
expérience avec un casque devant nous, parce que je voulais qu'ils puissent regarder la Terre directement avec nos
yeux et pas avec un écran qui nous coupe la vue, la VR a d'autres avantages, mais pour cette expérience, donc on a
assez vite occulté la VR.
Et puis surtout, on voulait une expérience qui puisse être faite par tout le monde dans les pays d'Afrique où ils n'ont pas
de dispositif de VR, et on voulait que ça soit une expérience qui soit presque, on va dire, sans technologie.
Et on regarde donc différentes vidéos de la Terre en orbite, avec des musiques qui essaient de resimuler l'apesanteur,
et on n'arrive pas à faire quelque chose de profond pour recréer cet Overview Effect.
À l'époque, je continuais à interviewer des astronautes, et j'ai la chance de pouvoir rencontrer à une dédicace des
astronautes du programme Apollo.
En fait, les astronautes du programme Apollo sont allés beaucoup plus loin que les autres.
Pour donner un ordre de grandeur, quand vous êtes en orbite comme Thomas Pesquet, vous êtes à 400 km d'altitude.
La Lune, c'est 380 000 km, arrondissement à 400 000, c'est 1000 fois plus loin, quoi.
Donc ça n'a rien à voir en termes d'expérience.
Et surtout vous voyez la Terre en entier et les astronautes, les 12 qui ont marché sur la Lune ou les 16 qui sont allés en
orbite lunaire, en fait, ces astronautes ont eu un Overview Effect beaucoup plus profond que ceux qui ont vu la Terre en
orbite.
Et donc je regarde les photos un peu iconiques de l'époque d'Apollo et je tombe sur cette photo que vous avez tous
déjà vue qui s'appelle "Blue Marble", en fait, qui date du 7 décembre 1972.
Elle a été prise par les astronautes de la mission Apollo 17, et la mission Apollo 17, c'était la première fois où en allant
vers la Lune, la Terre était toute éclairée.
Et en fait cette photo, c'est la première photo de la Terre toute éclairée.
Il n'y en avait jamais eu avant et c'est la première fois où on voyait notre maison toute entière.
Et Apollo 17, ça a été aussi la dernière mission Apollo, et donc jusqu'à il y a 10 ans, et je vais vous expliquer ce qui s'est
passé il y a 10 ans, on n'a pas eu d'autres photos de la Terre, et cette photo est devenue la photo de référence de la
Terre dans toutes les pubs, dans tous les drapeaux, dans tous les livres scolaires.
Vous avez vu cette photo là, et c'est devenu la photo la plus reproduite de l'histoire de l'humanité : "Blue Marble".
Et à l'époque, je ne savais pas que c'était la seule.
Donc je vois cette photo, je vois l'impact que ça a eu.
Elle est sortie en 72 au moment où l'on sortait le rapport Meadows, qui était un rapport sur les limites planétaires.
Une alerte qui avait été lancée justement par des chercheurs du MIT.
Et cette image a permis en fait de mettre un nom commun à la Terre.
À l'époque où les problèmes d'écologie qui étaient locaux, des problèmes de pollution, sont devenus globaux,
c'est-à-dire qui nécessitent la coopération entre les États pour les résoudre.
Et si l'on n'avait pas eu une idée de ce à quoi ressemble la Terre, déjà que ce n'est pas facile de changer, de faire
coopérer les peuples.
Mais si en plus on n'avait pas l'idée, une photo de la Terre qui nous montre qu'elle est finie et belle, on n'...
Il y avait encore des cordons sur les téléphones et il demande à la NASA d'autres photos plus récentes.
Et c'est là où lui aussi apprend : il n'y a pas d'autres photos éclairées.
Sauf que par rapport à moi, il a un pouvoir que moi je n'ai pas : c'est l'argent.
Donc il a mis 300 ou 500 millions de dollars sur la table pour que la NASA construise un satellite qui puisse prendre des
images tous les jours de la Terre avec l'idée que l'on la voit s'éclairer au fur et à mesure qu'on sort des énergies
fossiles, de redonner son sourire à Gaïa. Gaïa, c'est le nom de la déesse grecque de la Terre.
Et moi j'apprends ça dans un journal et je me dis, mais c'est génial parce que, en plus, il est pressé.
Il veut que ce satellite parte au point de Lagrange avant la fin de l'année 2000, qui marque en fait la fin du 20e siècle et
le début du 21e siècle, voire même le début du 3e Millénaire.
Et pour lui, c'était indispensable que l'humanité ait cette vigie pour démarrer ce 21e siècle.
Et cette vigie, il lui donne un nom, il l'appelle Triana.
Triana, c'est Triana de Rodrigo.
C'était un des matelots de l'équipage de Christophe Colomb, et c'est celui qui était en haut du mât et qui a dit : "Terra à
l'horizon", donc c'était le premier Européen, enfin bon, si on exclut tous les Vikings qui avaient été jusqu'aux États-Unis.
Et puis il y a une autre anecdote que j'aime bien raconter, c'est que quand il est venu à Paris, en 2014, il y a la COP 21
qui se prépare, je suis convié à son arrivée pour le préparer à sa présentation sur le climat.
Et je lui raconte cette histoire en lui disant : "Mais c'est incroyable que ce satellite ne soit pas parti."
Et il me dit : "Mais si, il est au fond d'un hangar, mais personne n'en veut."
Il est au fond d'un hangar de la NASA.
C'était la NASA d'Obama qui était très pro-climat, mais ils avaient des problèmes de budget, et donc ils l'avaient mis au
fond d'un hangar.
Et moi je le chambre un peu en lui disant : "Mais M. le Prix Nobel de la Paix, vous n'êtes pas capable de faire partir ce
satellite ?"
Et lui, il le prend au mot, et en décembre 2014, il signe un contrat avec SpaceX.
À l'époque, c'était tout petit, c'était leur premier contrat militaire.
Et je me dis, si SpaceX à l'époque faisait exploser des fusées – alors ils en font toujours exploser aujourd'hui, mais j'ai
l'impression que c'est presque devenu un processus – et je me dis, s'ils font exploser ce satellite, ça faisait presque 15
ans que j'attendais !
Ça serait une catastrophe. Mais les choses se passent bien.
Février 2015, le satellite part, et une fois qu'il est largué et qu'il prend la direction du point de Lagrange L1, sur Twitter,
vous avez Al Gore qui nargue les Républicains et qui leur révèle le pot aux roses, parce que même si c'était Obama qui
était au pouvoir, les Républicains avaient repris le Congrès.
Et donc il dit aux Républicains...
Et on a des photos de ce moment-là où il y a Al Gore qui est tout fier, qui est dans le centre de commande, qui est en
train de narguer.
Mais on n'a pas du tout les images encore.
Et moi, la nuit, j'ai une alerte de mon ami du MIT qui me dit : "Ça y est, le satellite est parti."
Et la première image qui arrive sur Terre, c'est une image où la Terre est toute éclairée, et c'était une image en noir et
blanc à 3 heures du matin, qui n'était pas parfaite, il y avait des pixels qui n'étaient pas terribles, mais on avait
l'impression de voir quelque chose que personne d'autre n'avait vu avant nous.
Et donc moi je pleure, lui il pleure, et le matin je montre ça à ma femme, lui il montre ça à sa femme, elles n'en avaient
rien à faire quoi.
"Donc tu n'as pas dormi encore cette nuit ?
Il faut aller accompagner les enfants à l'école."
Mais bon, on reste dans notre rêve en se disant : "Tiens, on a quand même fait quelque chose que les gens n'avaient
pas fait jusqu'avant."
Et puis l'après-midi, il m'appelle, il me dit : "Tu sais quoi ?
Je vais poster la vidéo en l'état sur Instagram."
Il avait 110 followers à l'époque sur Instagram, et il me dit : "Je vais taguer la NASA et on va..."
Et ça commence à prendre un peu partout dans le monde.
Donc ça, c'est les premières images, ça, c'est le satellite Triana.
On l'a appelé DSCOVR depuis, ça a été renommé DSCOVR, mais c'est le satellite qui est au point de Lagrange L1, et
qui est le premier satellite qui prend des images de la Terre en continu.
Et puis vous avez le la Terre que l'on voit en continu depuis l'espace, depuis 10 ans.
On est à un tiers des images qui ont été vues, qui ont été prises depuis que le satellite est parti.
Et vous en avez 365 par an. Donc il y a quand même une base de données de 10 ans d'images de la Terre en continu,
et ça c'est juste génial.
Et puis ça a fait le buzz, c'est le propre d'Al Gore de faire le buzz.
Et on a intéressé des personnalités de tous les horizons, notamment des politiques.
Et puis là, vous avez Emmanuel Macron et Nicolas Hulot qui sont en train de regarder la Terre, visiblement ça ne les a
pas complètement changés.
Alors quand vous intéressez les politiques, parfois vous n'intéressez pas ceux que vous auriez voulu intéresser.
Et en mars 2017, il s'est passé une autre catastrophe dans ce projet.
Je me réveille un matin, j'avais 21 messages sur mon téléphone.
Donc là, je me suis dit, OK, il y a un membre de ma famille qui a dû mourir.
En fait, ce n'était pas du tout ça.
C'était Donald Trump qui avait été élu président des États-Unis début 2017.
Et un des apanages du président des États-Unis, c'est de donner la feuille de route de la NASA.
À l'époque, c'était surtout de retourner sur la Lune.
Donald Trump, lui, il s'en fichait complètement de la Terre.
Il voulait aller sur la Lune et sur Mars.
Donc on a passé notre temps, en fait, en 2017, à défendre le projet pour que la NASA ne le ferme pas et que le satellite
n'aille pas au point de Lagrange.
Et avant de prendre quelques questions, est-ce que certains voudraient, en un mot ou quelques mots, dire ce qu'ils ont
ressenti ?
Pas de question, juste du ressenti en voyant la Terre depuis cette distance.
C'est magnifique, c'est très beau.
Je me demande, alors je dis ça comme ça, c'est une question ou pas ?
C'est une réflexion.
Je me demande si la musique apporte quelque chose, mais elle est très très belle.
Je me demande si la musique apporte quelque chose.
Alors sur notre site onehome.org, il y a plein de musiques différentes.
Donc après, il y a des styles différents, il y a des musiques sans paroles, mais on a essayé sans musique.
En fait, la musique amène un côté sidéral et amène à focaliser l'attention. Si vous ne mettez pas de musique, les gens
regardent autre chose. Par contre, on a fait des expériences où on a mis 15 minutes de musique et après 15 minutes de
silence, les gens étaient complètement hypnotisés.
Dans notre monde, où on a nos méninges qui fonctionnent, si vous ne mettez pas de la musique pour commencer...
Là, c'était une semi-question.
Je voudrais des ressentis, s'il vous plaît.
Moi, j'ai vu une échographie.
Pardon ?
J'ai vu une échographie.
Très bien.
Tout simplement, ça fait chaud au coeur, beaucoup d'amour ressenti.
Merci. Quelqu'un d'autre ?
Il y a un côté où on la voit apparaître et puis disparaître, qui donne l'impression que ça peut arriver assez rapidement,
même si ce n'est pas tout à fait de ça qu'on parle.
Et en fait, on a une autre anecdote sur Al Gore que je vous partagerai après.
On a réussi à le faire sortir, et après on a rencontré le responsable de programme, et je lui demande : "Mais c'est quoi le
problème du satellite ?
Pourquoi vous voulez le fermer ?"
Il me dit : "Mais il coûte de l'argent."
Et je dis : "Mais il ne prend que 10 000 euros par an."
Il me dit : "Mais il y a 10 000 euros de budget d'opération par an."
Et je dis : "Mais la NASA, c'est des dizaines de milliards de dollars. Ce n'est rien."
Il me dit : "Oui, mais il est dans un programme, c'est un programme d'étude de la Terre, et on ne veut pas montrer la
Terre pour l'instant aux Américains."
Et je dis : "Mais pourquoi ?"
Il me dit : "Mais on ne peut pas, parce que Donald Trump est climato-sceptique.
S'il voit ça, il va l'arrêter, et ce n'est pas bon pour le projet."
Et donc en fait, on a été la seule ONG avec d'autres associations qui s'appellent des associations d'exploration spatiale,
à se battre pour que ce satellite survive.
Et en fait, en 2021, on a réussi à le faire sauver.
C'est l'administration Biden qui l'a fait sauver.
Et là, c'est génial.
Donc ça a coûté 300 millions de dollars de faire le satellite, mais l'opération annuelle, c'est 10 000 dollars.
Et on a réussi à le faire sauver.
Et je vous ai dit qu'on avait vu Al Gore récemment.
Il y a un mois et demi, on était à Paris à un événement où Al Gore est venu, et on a eu une discussion sur ce satellite et
je lui dis : "Mais c'est incroyable, comment vous avez eu cette idée-là ?"
Et il me dit : "Ah, j'avais un communiqué de presse."
Et je lui dis : "Mais le communiqué de presse, c'est moi qui l'ai en fait, vous l'avez perdu."
Et il me dit : "Mais non, c'est pas possible."
Et il me dit : "C'est un communiqué de presse d'il y a 20 ans."
Et je dis : "Mais si."
Il dit : "Ah non, le communiqué de presse, il était publié en 1998, vous l'avez pas."
Et je dis : "Mais si je l'ai."
Et je lui montre le communiqué de presse et il est impressionné.
Et il me dit : "Mais je me souviens, il y avait deux ingénieurs de la NASA qui étaient venus dans mon bureau me
proposer ce satellite."
Et il me dit : "Mais comment tu as encore ce communiqué ?"
Moi j'avais tout gardé et j'avais les spécifications techniques du satellite toutes soulignées quoi.
Et lui, c'est un gros geek aussi, donc bon, on a bien sympathisé, et normalement une des prochaines vidéos de One
Home qu'on devrait et qui sera là pour le mois de septembre, on va la faire avec Al Gore.
Il nous a donné son accord, donc à suivre.
Mais pour l'instant, on hésite parce qu'on ne veut pas trop politiser le sujet.
Mais comme c'est le papa de ce satellite, c'est plus à ce titre-là qu'on l'invite qu'à sa couleur politique.
Voilà.
C'est ce que je voulais vous dire sur l'Overview Effect.
Maintenant, je vais vous parler du travail qui m'occupe depuis 5 ans sur Homo Biospheris. Ce travail, il a démarré fin
2019.
Je vous disais moi j'avais quitté mon boulot pour m'occuper de One Home, je me suis retrouvé chez moi donc bon on a
lancé le projet One Home mais j'avais beaucoup de temps, et donc pendant le COVID déjà les premiers jours, moi
j'avais peur que l'humanité disparaisse parce que on voyait les images à Wuhan, on voyait les images en Italie et je me
disais mais s'il faut dans deux jours on est tous morts de cette maladie ultra-violente.
Et je regardais, mais enfin, c'est ce que les médias voulaient nous faire croire en tout cas.
Et moi j'étais avec mes enfants, on ne sortait pas, on lavait les sacs plastiques du supermarché.
Enfin bon, j'imagine, j'ai fait des choses que beaucoup d'entre vous ont fait.
Et puis je philosophais en regardant cette image d'Homo Sapiens et de la Terre, et je me disais, s'il y a un grand
écrivain qui a écrit l'histoire entre l'humanité et la Terre, et s'il finissait son histoire par "et ils moururent tous en une
semaine d'un petit virus qui s'appelait le COVID-19", c'est une fin qui est quand même pas terrible.
Je me dis qu'il doit y avoir beaucoup mieux comme fin, et surtout, ce serait bien que ce soit une histoire qui n'ait pas de
fin, une grande histoire d'amour entre l'humanité et la Terre, et que ça ne se finisse pas par mourir tous d'une planète
surchauffée, d'une planète où il n'y a plus de ressources ou d'un conflit nucléaire généralisé.
Je me disais qu'il faut trouver une autre suite à la Terre.
L'Overview Effect n'est pas suffisant pour déclencher cette révolution bleue, il me manque quelque chose.
On a donc essayé de convier toutes les nations ensemble.
On a essayé la réglementation, on a essayé l'éducation, on a essayé la science, on a essayé les incitations
économiques, on a essayé d'impliquer les personnalités de l'art, des médias et de la culture.
Moi, c'est ce que j'essaye de faire à mon humble mesure, avec les romans.
On a essayé l'activisme.
On a essayé la technologie.
Tout ça, ça fonctionne un peu.
Ensemble, ça fonctionne un peu, mais ce n'est pas passé à l'échelle.
On a l'impression qu'il y a quelque chose qui nous bloque, un plafond de verre que l'humanité n'arrive pas à dépasser.
Et en regardant ce problème-là au départ, j'ai l'impression que ce plafond de verre est de même nature dans tous les
domaines, dans toutes les questions.
Et puis Grothendieck, il avait une manière très particulière de faire des inventions et d'exercer son intuition.
Il l'a décrit dans un livre qui s'appelle "Récoltes et Semailles", qui est paru chez Gallimard récemment, et dans laquelle il
décrit dans un chapitre la manière de faire de la découverte.
Je vous la donne parce que ce n'est pas du tout ce qu'on vous enseigne à l'école.
Il dit : "La découverte est du privilège d'un enfant."
Alors qu'on penserait que c'est le privilège d'un adulte, c'est du petit enfant que je veux parler, qui n'a pas peur encore
de se tromper, d'avoir l'air idiot, de ne pas faire sérieux, de ne pas faire comme tout le monde.
"Ce qui fait la qualité de l'inventivité et de l'imagination du chercheur, c'est la qualité de son attention à l'écoute de la
voix des choses. Car les choses de l'univers ne se lassent jamais de parler d'elles-mêmes et de se révéler à celui qui se
soucie d'entendre."
Donc ce qu'il dit, en fait, c'est que l'Univers murmure les solutions et vous n'avez qu'à écouter.
Alors que nous, on vous dit de réfléchir, c'est-à-dire faire parler la voix qui est dans votre tête, il fait taire la voix qui est
dans sa tête, il écoute ce que les problèmes lui disent, et en général, il trouve des solutions.
Et surtout, ce qui est important, c'est de ne pas avoir l'air idiot.
Donc moi, je me dis, de toute façon, je suis tout seul chez moi pendant le Covid, donc je vais essayer.
Il n'y a personne pour me dire si j'ai l'air idiot ou pas.
Je vais suivre mon intuition, je vais voir ce que l'Univers murmure pour essayer de trouver cette espèce de structure qui
pourrait nous rendre cette transition écologique irrésistible.
Et puis, dans ces intuitions qui me viennent, il y a une phrase qui m'obsède, qui avait été d'ailleurs en ouverture de
"Siècle Bleu", une phrase de Saint-Exupéry de "Vol de nuit".
Et à l'époque, je ne savais pas que "Vol de nuit" avait été écrit à Nice, mais je pense que c'est une phrase qui a dû
flotter au-dessus de mon berceau, et dans laquelle il dit : "Dans la ville, il n'y a pas de solution, il y a des forces en
marche, il faut les créer et les solutions suivent."
Puis, en regardant cette citation, je me dis, mais c'est vrai que dans l'écologie aujourd'hui, on est beaucoup dans
l'écologie des solutions, c'est mieux que l'écologie des problèmes, mais on n'est pas dans l'écologie des forces en
marche, c'est-à-dire on s'épuise à déployer les solutions, et on n'a pas quelque chose qui fait que les solutions
s'auto déploient, un peu comme ces concepts à la Grothendieck.
Mais elles sont où ces forces en marche ? Quelles sont les forces qui structurent le monde qui pourraient aider à rendre
la prophétie, on va dire écologique, auto-réalisatrice ? Et en écoutant justement un peu l'Univers, je me dis, mais il y a
une force en marche qu'on n'a pas employée, qui est à l'oeuvre depuis l'origine des temps, c'est la force de l'évolution.
C'est la plus grande des forces en marche, elle a structuré tout le réel, c'est grâce à elle qu'on est aujourd'hui dans cette
salle à pouvoir échanger.
Et aujourd'hui, cette force en marche, elle a permis de structurer l'Univers qui était au départ un ensemble de particules
qui sont parties dans tous les sens après l'explosion initiale du Big Bang, et elles ont commencé à former des structures
avec la gravitation, donc ça a formé des galaxies.
Et autour, dans une de ces galaxies, la Voie Lactée, c'est nous. Il y a une petite étoile, ça s'appelle la Terre autour de
laquelle on vit.
Donc il y a à peu près 200 milliards d'étoiles dans la Voie Lactée, il y a 200 milliards de galaxies, donc l'univers est
absolument immense.
Et nous, là où on fait notre transition écologique, c'est autour de cette petite étoile, donc, c'est à la fois hyper important
pour nous, mais peut-être complètement anodin à l'échelle du monde ou absolument vital si on est le seul endroit où il y
a de la vie.
Donc c'est là où ça structure et en tout cas la matière s'est assemblée par ses forces de l'évolution pour arriver jusqu'à
ces structures incroyables que vous voyez ici.
Ensuite, vous avez un phénomène qui s'est passé dans la structuration de l'univers par ses forces de l'évolution que
Bergson appelait l'élan vital, l'apparition de la vie où vous codez des réactions chimiques dans une molécule magique
qui est l'ADN.
Et cette molécule, c'est la même pour toutes les créatures vivantes sur la Terre.
C'est étonnant.
Et à partir de cet ADN qui peut muter, vous avez différentes espèces unicellulaires de bactéries qui ont commencé à
proliférer sur la Terre.
Et à un moment, il y a eu une invention parce que je me disais dans ces forces de l'évolution, est-ce que on va
rencontrer dans l'histoire de l'évolution des moments où il y a eu d'autres crises des limites planétaires ?
En fait, il y en a eu une autre il y a 2,3 milliards d'années et c'est la seule crise des limites planétaires qui ont été créées
par des êtres vivants.
Et celle-ci, elle a été provoquée par des bactéries.
Les bactéries, elles ont eu un peu le même syndrome que nous quand on a découvert le pétrole, c'est-à-dire que on l'a
utilisé à foison.
Eh bien, elles, ont fait la même chose quand elles ont découvert la photosynthèse.
Avant la photosynthèse, les bactéries avaient uniquement comme énergie l'énergie du sous-sol, de la Terre, de la
radioactivité et la chaleur des réactions chimiques.
Et puis là, d'un coup, elles ont pu capter...
Nous sommes dans une période où l'humanité a un mauvais narratif sur elle-même.
C'est comme une équipe de foot qui irait à la Coupe du Monde et qui se dirait en y allant : "Oh là, j'aurais mieux fait de
faire du water-polo. Tout le monde nous dit qu'on n'aurait jamais dû faire du foot et on ne croit pas du tout aux chances
de notre équipe."
Si vous y allez avec cet état d'esprit et ce mauvais narratif sur vous-même, vous ne pouvez pas gagner cette grande
compétition.
Je me dis, comment on peut changer le narratif de l'humanité pour qu'on arrête de dire qu'on est une erreur et qu'on est
une tumeur, mais qu'on peut être quelque chose de beaucoup plus beau ?
Donc j'en étais là dans mes réflexions, je reprends mon grand Homo Sapiens et je me dis, bon, ce grand Homo
Sapiens, il est fait de plein de petits Homo Sapiens.
Il y a plein de choses qui me frappent, c'est-à-dire que le Petit Prince, il a les pieds sur Terre et la tête dans les étoiles.
Et son loisir, le seul qu'il a, c'est de regarder les levers et les couchers de soleil.
Si vous étiez la conscience de cette grande humanité, donc immense, en fait, évidemment, à votre échelle, vous
regarderiez les levers, les couchers de soleil, mais collectivement, vous prendriez aussi soin de la Terre.
Et le Petit Prince, il nous dit que tous les matins au moment de son réveil, il faut faire sa toilette, mais aussi donc la
toilette de l'humanité, mais aussi la toilette de la planète et donc de passer un certain temps à s'occuper de la planète.
Et aujourd'hui, on ne passe pas tous une heure avant d'aller travailler, à fleurir nos avenues, à fleurir les coeurs de nos
voisins.
Et sans doute ça changerait les choses.
Et puis le Petit Prince, il nous alerte aussi de faire attention aux baobabs, c'est-à-dire aux phénomènes exponentiels, et
de les distinguer assez tôt parce que sinon ils peuvent faire exploser notre planète.
Et aujourd'hui, nous, on est les rois pour faire croître des phénomènes exponentiels et après se retrouver avec des
choses qui sont politiquement ou géopolitiquement ingérables.
Si vous continuez la lecture du Petit Prince avec cet angle-là, il y a quelque chose de très étrange, c'est qu'avant
d'arriver sur la Terre, il visite six planètes.
Et ces six planètes, si vous les regardez les unes à côté des autres, elles ont un point commun, c'est qu'elles sont
toujours habitées par un seul individu, donc un collectif planétaire aussi, et ce sont des collectifs planétaires.
Moi, je n'avais jamais compris pourquoi il avait choisi ces archétypes-là.
En fait, ces collectifs planétaires, ce sont des humanités malades, et ce sont des maladies de l'humanité qu'on a tous,
enfin que notre humanité a.
Prenez le roi par exemple.
Le Petit Prince lui reproche, ou en tout cas ce qu'il constate, c'est qu'il considère que le monde lui appartient alors qu'il
appartient au monde.
Et nous, on a la même chose, on considère que la Terre nous appartient alors qu'on appartient à la Terre.
Et l'inversion de la relation d'appartenance change tout.
Le deuxième, c'est le vaniteux, c'est-à-dire qu'il se place au-dessus de tout le monde, il a besoin d'être sans cesse
adulé, flatté.
La population dans un certain nombre de pays est en train de décroître, ce qui est une réalité.
Globalement, dans les décennies à venir, on va continuer à croître.
Donc, qu'est-ce qu'il y a derrière cette croissance ?
Qu'est-ce qu'il y a derrière cette tumeur ?
Et je tombe sur un article dans une revue de biologie cellulaire, où pour la première fois, chez un coléoptère, ils ont vu
un nouvel organe se former.
On n'avait jamais vu, par exemple, un corps humain avant le foie, ou avant le rein, ou avant le poumon.
Ça, c'est arrivé à un moment dans l'évolution, mais on n'a jamais su comment les organes se forment.
Et là, ils ont mis un stress chimique sur un coléoptère et ils ont vu des cellules non différenciées se multiplier et former
un nouvel organe qui se protégeait, qui protégeait justement de ce stress chimique.
Cette question est fondamentale, elle donne du sens à l'humanité, où allons-nous, et il nous faut de la magie pour que
les gens y croient.
Et cette magie en fait, elle est donnée par la figure du Petit Prince parce que c'est un livre qui est magique, il a changé
la vie de beaucoup de personnes.
Et puis c'est un livre qui est imaginaire, et donc l'imaginaire a ce pouvoir de changer les choses.
Et à ce stade de mon raisonnement, je me dis, mais il y a un truc qui ne marche pas dedans, c'est que je n'ai aucune
certitude que Saint-Exupéry ait eu cette idée-là en écrivant le Petit Prince, c'est peut-être complètement mon invention.
Je fais des recherches sur le Petit Prince et je m'aperçois que Saint-Exupéry n'a donné aucune interview sur le Petit
Prince.
Il a publié le Petit Prince le 6 avril 1943.
Trois jours après, il partait en bateau vers l'Afrique du Nord pour rejoindre les troupes alliées.
Il était le plus vieux pilote des Alliés, il avait 44 ans.
Les limites d'âge pour piloter, c'était plutôt 25 ans.
Il avait eu une dérogation du président des États-Unis.
Et il est parti au moment où le Petit Prince est paru à New York parce qu'il était interdit de parution en France. Il n'a
donné aucune interview.
Donc je me dis je vais lire toute sa correspondance pour voir s'il n'a pas écrit une lettre entre 43 et sa mort en 44 dans
laquelle il donne une explication du Petit Prince.
Donc je lis toutes les lettres, aucune explication du Petit Prince dedans.
Et puis à un moment, deux mois avant sa mort, je tombe sur cette lettre qui s'appelle la "Lettre à un Américain".
Pour vous donner le contexte, elle a été écrite en mai 44.
Lui, il est mort en juillet 44. Il l'a écrite depuis la Corse, et en Corse, il rencontre un pilote américain qui avait 20 ans, et
ce pilote américain, il était en train de pleurer.
"Pourquoi tu pleures ?"
"Je pleure parce que j'ai décidé de m'engager pour préserver des valeurs, pour libérer votre pays, mais moi, je ne sais
pas si on gagne cette guerre, si vous, Européens, vous allez venir nous aider sur le front pacifique."
Et là, Saint-Exupéry, il écrit cette lettre ouverte aux Américains : "Voyez-vous, amis d'Amérique, il me semble que
quelque chose de neuf est en formation sur notre planète. Les progrès matériels des temps modernes ont certes relié
les hommes par une sorte de véritable système nerveux. Les liaisons sont innombrables, les communications sont
instantanées. Nous sommes matériellement unis comme les cellules d'un même corps. Mais ce corps n'a point encore
d'âme. Cet organisme n'a pas pris encore conscience de soi. La main ne se sait pas solidaire de l'oeil. Et cependant,
c'est cette conscience d'une unité future qui tourmentait confusément ce jeune pilote de 20 ans qui se préparait à
travers lui. Vos jeunes gens meurent dans une guerre qui, pour la première fois dans l'histoire du monde, est pour eux,
malgré toutes ces horreurs, une confuse expérience d'amour."
En fait, dans ce texte, il dit exactement ce que je vous raconte précédemment, c'est-à-dire que l'humanité est en train
de devenir un, et qu'on ne le voit pas, et que même la guerre est un des processus de synthèse qui permet aux nations
de s'unir puisqu'on tisse des destins entre des Américains et des Européens.
Et en lisant ça, je me dis, bon, ce n'est pas la preuve que c'est l'explication du Petit Prince, mais ça montre que c'est
compatible avec la pensée de Saint-Exupéry.
Et surtout il finit par ce mot, amour quoi.
Cette énergie d'amour, c'est l'énergie qui fait amalgamer les structures depuis le début de l'univers.
C'est l'énergie qui permet à des particules de faire des atomes, à des atomes de faire des molécules, des molécules à
faire des cellules, des cellules à faire des êtres multicellulaires, des êtres multicellulaires à faire des biosphères.
Et pourquoi c'est une énergie d'amour ?
Parce que pour faire un tout, les parties, elles doivent donner tout pour le tout.
Et donner tout pour le tout, c'est du don inconditionnel.
Vous n'avez pas le matin vos cellules qui décident de partir dans la pièce d'à côté, heureusement, sauf si vous avez
peut-être la lèpre ou autre chose, mais les cellules restent là, elles donnent tout pour vous et on oublie ça.
Et ce don inconditionnel, c'est l'Agapé, c'est l'amour.
Et en fait, quand je vous disais qu'il y a quelque chose qui retient l'humanité, un barrage, en fait, c'est l'ouverture de
notre coeur.
Et la vraie chose qui manque pour pouvoir réussir la transition écologique, outre la croyance commune dans cet Homo
Biospheris, c'est d'ouvrir nos coeurs.
C'est l'amour et c'est ça la clé.
Et quand je vous disais que, au départ de ce travail, je me disais qu'il y avait quelque chose de tout simple, c'est
quelque chose de tout simple, puisque ça a été dit dans tous les textes religieux, ça a été dit dans toutes les sagesses,
et que c'est sans doute là, en ouvrant nos coeurs, en étant en résonance, comme l'invite le Petit Prince, qu'on peut
réussir cette grande transformation écologique et se réharmoniser avec le monde, et c'est ça le secret que doit atteindre
l'humanité.
Alors, à ce stade-là, je me dis, bon, je reviens un peu dans le monde réel, je me déconfine, je regarde, tiens, il y a
encore des humains dehors, etc.
Et je me dis, le monde des Homo Sapiens aujourd'hui, il n'a strictement rien à voir avec le monde d'Homo Biospheris
dont je vous parle, et je me dis tiens, ça serait un bon challenge de raconter comment en 3 ans, on passe du monde de
maintenant avec les réseaux sociaux, la Chine, les États-Unis, l'IA, tout le monde qui s'engueule, etc., au monde
d'Homo Biospheris où tout le monde s'aime et où on devient un avec la biosphère.
Parce que moi j'ai l'impression que ce monde, il est déjà en émergence, quoi, que beaucoup de gens aspireraient à ça.
Et les gens qui ont fait le pas de côté pour y arriver, eh bien, ils sont heureux de le...
Mais effectivement, la peur et l'amour, ce sont les deux valeurs.
On oppose l'amour et la haine, mais c'est vraiment l'amour et la peur.
Et dans le tome 2, là, justement, les ennemis de la Révolution Bleue, ils essaient.
Dans le 1, ils attisaient la haine, mais ça ne marche pas.
Dans le 2, ils attisent la peur.
Et la peur, c'est... en fait, le coeur, il se ferme.
Donc l'enjeu, il est là.
Mais il peut y avoir une peur d'ouvrir son coeur.
Vous connaissez le Omitakuye Oyasin ?
Bien sûr.
Donc ça, c'est la phrase clé du peuple Lakota, les Sioux Lakota, qui vivent eux de manière complètement reliée,
interconnectée avec l'ensemble du vivant, et ils ont une célébration qui s'appelle Mitakuye Oyasin où ils célèbrent à
toutes mes relations.
Quand ils font des quêtes chamaniques, notamment des quêtes de vision, qui partent dans la forêt sans manger, sans
boire, en 3-4 jours, ils font des colliers avec toutes leurs relations, et ils égrènent toutes les personnes qu'ils ont
rencontrées : votre maîtresse de CP qui vous a dit que c'est trop bien, votre maîtresse du CM1 qui vous a ruiné votre
vie, mais qui fait que vous vous êtes construit autrement, vous rendez honneur à toutes vos relations.
Et eux le font constamment, et je pense que nous, on ne le fait pas assez de rendre honneur à tous ceux qui font que
nous sommes aujourd'hui qui nous sommes.
Merci de rappeler ça.
Dernière chose, juste parce qu'il y a beaucoup de musique dans le roman, alors je le dis parce que les gens en général
ils découvrent le site à la fin, mais vous pouvez trouver les playlists sur revolution-bleue.fr, donc il y a les playlists
Spotify, Deezer, YouTube, etc.
Mais surtout voilà, vous avez les morceaux que vous pouvez écouter parce que c'est un livre où la musique joue dans
la création de cet Homo Biospheris.
Et puis aussi, si vous voulez partager cette conférence autour de vous, il y a un enregistrement qui est sur jpgoux.com,
elle sera aussi bientôt sur le site du CERA aussi, enfin celle-ci, mais il y a d'autres enregistrements parce que moi je
considère que ce travail est pour tout le monde et le but c'est de le partager le plus possible.
Merci à vous.
PS : Propos retranscris directement depuis la vidéo YouTube via une intelligence artificielle :
il peut subsister quelques phrases approximatives, quelques bugs, fautes d’orthographe et/ou de syntaxe.
Veuillez nous en excuser.